QUOTIDIEN DU MEDECIN : AVECSanté organise les 20 au 21 septembre les premières rencontres des équipes coordonnées. Où en est leur progression ?
Dr PASCAL GENDRY : Cette progression a été importante. Malgré la crise sanitaire, en 2020, 300 maisons de santé de plus ont été créées. Et le mouvement continue ! Au total, 1 889 structures labellisées fonctionnent aujourd'hui dont 1 114 ont signé l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) avec l'Assurance-maladie. Il y a aussi 366 projets en cours. L'objectif des 2 000 MSP fixé par Emmanuel Macron pour 2022 sera probablement atteint. Notre ambition est que dans dix ans, chaque Français puisse avoir accès à une équipe coordonnée en soins primaires partout où il se trouve. La structuration des soins primaires en équipe pluriprofessionnelle est une condition nécessaire pour relever les défis de santé publique : le vieillissement de la population, le développement des pathologies chroniques ou encore les crises sanitaires.
Quel rôle a joué la crise sanitaire dans cette transformation organisationnelle ?
Elle a vraiment servi de crash test aux équipes. Là où les professionnels de santé ont appris à travailler ensemble au sein des maisons de santé, ils ont pu tester leur faculté à s'adapter à des situations totalement anormales. Ils ont été capables de protocoliser, d'organiser des téléconsultations, des tests, des vaccinations tout en assurant la continuité des soins même quand le médecin traitant n’était pas là. Les MSP n'ont pas été fermées grâce à la mobilisation des équipes pour maintenir leur activité. La population a pu ainsi découvrir cette dimension d'équipe. Certains professionnels isolés se sont d'ailleurs rapprochés des structures pour mieux connaître leur fonctionnement. Et nous pensons que cela va faire émerger de nouveaux projets de maisons de santé ou inciter ces praticiens de se rapprocher d'une CPTS ou d'une MSP. Bien sûr les freins existent encore et ils sont multifactoriels mais je pense que la dynamique est là.
Justement, quelles évolutions souhaitez-vous pour les MSP ?
Les équipes coordonnées 100 % libérales souhaitent s'engager dans de nouvelles missions pour répondre aux enjeux de santé publique et aux besoins de la population. Il s'agit, par exemple, de prendre en charge des patients dans le cadre des crises sanitaires ou encore de participer au service d'accès aux soins (SAS) pour accueillir des patients sans médecin traitant. Mais pour pouvoir pleinement remplir leur rôle, elles doivent être suffisamment structurées et organisées avec des moyens pour rémunérer une fonction de coordination performante à temps plein, indemniser les professionnels qui participent aux réunions pluriprofessionnelles…
Aujourd'hui, chaque MSP touche en moyenne une aide de 66 000 euros par an, ce n'est pas suffisant. Il faut l'augmenter. On peut donc regretter que les négociations pour faire évoluer l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) MSP piétinent. Il n'y a pas de signaux de la part du gouvernement et de l'Assurance-maladie pour une véritable revalorisation de l'accord afin de permettre la consolidation de ces organisations. Les équipes coordonnées ont besoin d'un coup d'accélérateur politique.
Les premiers pas vers l'exercice coordonné sont l'équipe de soins primaire (ESP) et l'équipe de soins coordonnée autour du patient (ESCAP) qui va être expérimentée. Votre organisation est-elle prête à les accompagner ?
La coordination entre deux ou trois professionnels est nécessaire car elle permet de structurer les échanges un peu informels. Mais il est important de ne pas figer ces équipes naissantes à ce niveau minimal, qui est insuffisant pour résoudre les multiples défis de santé publique. AVECsanté a donc pour ambition d'accompagner, par les pairs et par des chargés de missions, toutes les équipes émergentes vers une structuration plus forte au niveau des maisons de santé.
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