Pour plusieurs syndicats de médecins libéraux, l'accompagnement financier mis en place par la CNAM au titre de la perte d'activité liée à la crise épidémique laisse encore à désirer. Au printemps principalement, mais à l'automne également, les deux vagues de contamination et les restrictions sur les déplacements ont contraint beaucoup de cabinets libéraux à réduire la voilure ou à tourner au ralenti.
Fin avril, face à la perte d'activité importante, l'Assurance-maladie avait mis en place un service d'indemnisation pour compenser les charges de fonctionnement (loyer, salaires, immobilisations, etc.) — les médecins devant recevoir leur versement sous forme d’acompte, correspondant à 80 % maximum de l’aide théorique. Une régularisation plus tardive avait été promise, après vérifications.
De fait, dès les mois de mai/juin, un acompte de 80 % a été versé aux professionnels concernés. Mais six mois plus tard, le reliquat n'aurait toujours pas été versé. Or, « la CNAM s’était engagée, par son directeur général, à verser les 20 % restant en décembre », rappelle la CSMF lundi 21 décembre. « On parle d’un versement qui interviendrait dans trois mois ! », s'impatiente le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz qui demande à la CNAM « d'accélérer le mouvement ».
Question d'équité
Mais ce n'est pas tout : le dispositif de soutien similaire, déployé après la deuxième vague, mécontente les syndicats car il écarte de fait les cabinets libéraux.
À la mi-novembre, en effet, la CNAM et le ministère de la Santé ont décidé de réactiver un « dispositif exceptionnel d'accompagnement économique » pour les seuls spécialistes libéraux en établissement dont l'activité est impactée par les déprogrammations de soins. Portant sur les charges et non sur le maintien du chiffre d’affaires, ce mécanisme est destiné aux praticiens en établissement ayant constaté une perte d'activité sur la période du 15 octobre au 30 novembre en raison des déprogrammations ou des réquisitions. Pour les cabinets de ville en revanche, la CNAM rappelle (comme les Ordres professionnels) l’importance de maintenir les consultations et soins réalisés en particulier pour les patients souffrant de pathologies chroniques.
Ces critères restrictifs ne sont pas du goût de MG France qui demande, comme la CSMF, l'extension de cette deuxième aide à tous les médecins libéraux hors établissement, également affectés. Il en va de la « survie économique » de certains médecins généralistes, explique même le syndicat catégoriel qui y voit « une question d'équité ». Les deux structures mettent en avant particulièrement la situation des médecins thermaux, « sans activité depuis le mois de mars ».
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique