Saint-Léger du Bourg-Denis (76)
Dr Michel Lenois
Au journal télévisé, il y a quelques semaines, j’ai appris qu’une navigatrice bien connue a été hospitalisée pour hypothermie, suite à un accident de navigation. Cela m’a bien entendu peiné car je l’aime bien, mais m’a aussi fait réfléchir…
Est-il normal que les pratiquants de sports à très haut risque bénéficient de la couverture Sécurité sociale pour leurs soins, alors même qu’ils prennent volontairement et en toute connaissance de cause des risques pour leur santé ?
Est-il normal, par exemple, qu’un adepte du parapente, activité certes ludique mais connue comme étant à très haut risque d’accident, bénéficie de soins coûteux pris entièrement en charge par la collectivité en cas de « gros pépin » ?
Chaque lundi matin, dans les cabinets de généralistes, ce sont des dizaines de milliers de consultations pour les accidents de foot, de rugby, de stock-car et autres survenus le week-end. Consultations, radiographies, médicaments, interventions chirurgicales, rééducation, indemnités journalières, pensions d’invalidité…
La facture est lourde. Il serait intéressant de la chiffrer. Ce sont certainement des milliards d’euros qui sont indûment débités chaque année d’un système destiné essentiellement à couvrir les risques de la vie quotidienne…
Combien de temps encore allons-nous devoir payer pour des soins qui devraient logiquement être pris en charge par des assurances privées ?
Poncifs et maîtrise de la plume
Besançon (25)
Dr Michel Guidet
Ne revenons pas sur le plaisant article de Patrick Besson, dans l’hebdomadaire « Le Point », consacré aux intonations novégo-tudesques de l’ineffable Eva Joly, article qui a mis en émoi, comme prévisible, la galaxie du politiquement correct.
Il est permis de penser que si la candidate ne module qu’imparfaitement sa voix, c’est surtout dysharmonieux. En revanche, il reste indispensable de garder la maîtrise de sa plume et de son vocabulaire et d’éviter les contresens (« le Quotidien » du 24 janvier 2012) : « les troubles musculo-squelettiques frappent massivement les travailleurs pressurisés (sic)… » Ainsi, les TMS seraient l’apanage des pilotes et du personnel de cabine, voire des voyageurs aériens. Les lecteurs, espérons-le (pas sûr !), auront rectifié d’eux-mêmes, mais cela fait très désordre…
Pour le reste, nous laissons à d’autres la critique du poncif « prévention », mis à toutes les sauces, et attendons avec curiosité « le changement radical des modes de vie » qui diminuera de manière très significative l’ampleur de la cohorte des 4 millions de diabétiques.
On marche sur la tête
La Flocellière (85)
Dr Christian Bizot
La proposition de loi sur l’accès aux soins du député Philippe Vigier – qui présentait des propositions intéressantes, certes autoritaires, pour lutter contre la désertification médicale – n’aura même pas pu passer le cap de la discussion parlementaire !
Pourtant, les mesures préconisées sont souhaitées par un grand nombre de médecins qui, comme moi, arrivent en fin de carrière, et sont justement très demandeurs de solutions intelligentes qui, tôt ou tard, n’en déplaise à nos syndicalistes de tous bords qui s’accrochent au « privilège » de la sacro-sainte liberté d’installation, deviendront nécessaires.
« Stupide et dangereux », dixit la CSMF ; « le désespoir guette devant tant d’obstination », ajoute la FMF, j’en passe et des meilleures ! Messieurs des syndicats, je considère vos propos comme « stupides, dangereux et désespérant » et, je crois, de nombreux confrères que je connais pensent comme moi.
Avez-vous donc des œillères pour ne pas voir le « désarroi » des généralistes désemparés de ne pas trouver une solution de succession pour leurs patients :
- Oui, un jeune médecin en début de carrière devrait s’installer pendant au moins 3 ans en secteur sous-médicalisé (dans mon pamphlet intitulé « Y’en a marre » – « le Quotidien » du 23 novembre – qui n’a pas fait plaisir à tout le monde, je dis même 5 ans et les médecins militaires donnent au moins 10 ans à l’Armée)
- Oui les ARS devraient avoir leur mot à dire sur les zones géographiques d’installation.
- Oui, croire qu’il suffira de construire des « maisons de santé » ou des « maisons médicales » pour que nos jeunes confrères s’y installent est une utopie.
- Oui, croire que quelques subventions ou allégements fiscaux seront suffisants pour les inciter à venir à la campagne est aussi une utopie.
- Oui, croire, comme madame Besse, que proposer des « aménagements fiscaux » aux médecins qui arrivent en retraite pour qu’ils poursuivent une activité est une solution me laisse aussi perplexe.
- Oui, croire que le développement de la télémédecine fera venir nos jeunes confrères dans nos campagnes me laisse rêveur.
Déstructurer le système de santé de pays voisins pour combler les « déserts médicaux » français est quelque part bien triste et très inquiétant pour notre propre système de soin.
On voit bien que les réticences viennent essentiellement des instances syndicales dont on connaît la représentativité très limitée dans notre profession et, d’ailleurs, beaucoup des confrères généralistes que je connais ont le même raisonnement que moi et pensent aussi que « nous marchons sur la tête ».
Beaucoup d’entre nous, en fin de carrière, seront contents de s’arrêter pour ne plus avoir à « subir » les paperasseries (25 % du temps médical sont passés à la rédaction de dossiers en tous genres, de certificats inutiles etc.)
Dans deux ans, si Dieu me prête vie, je tirerai ma révérence sans regret et avec, pourtant, le sentiment d’avoir exercé un métier formidable de médecin de campagne dans des conditions que plus aucuns de nos jeunes ne voudraient maintenant. Médecine libérale individualiste qui tôt ou tard sera remplacée par une médecine salariée dans une structure type maison médicale ou salarié d’une commune. Il est quand même paradoxal qu’avec les moyens modernes d’exercice, si peu de jeunes ne veuillent tenter de s’installer à la campagne.
Au rythme ou se font les installations de confrères et consœurs des pays de l’union européenne dans notre pays, il n’y aura plus beaucoup de place pour nos jeunes étudiants qui, pourrons alors se tourner vers ces pays pour tenter l’aventure de la médecine générale en « zones déficitaires ».
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