Pan sur le bec ! C’est ou c’était le titre d’une rubrique d’un célèbre journal satirique lorsqu’il faisait amende honorable pour une information erronée ou une réaction inappropriée… On peut la reprendre à notre compte dans l’exemple qui va suivre.
Dernièrement, je crois que c’était mardi soir 16 octobre au journal TV de France 2, est revenue sur le devant de l’actualité la question récurrente des « abus d’arrêt de travail », sans doute à la suite des propositions du Medef de sanctionner les médecins « trop laxistes ». Un médecin généraliste interviewé à cette occasion a défendu avec énergie la liberté de prescription de ces arrêts maladie, arguant que le médecin est le mieux placé pour estimer le repos dont peut avoir besoin tel ou tel de ses patients, ce qui peut se défendre.
Malheureusement, ce commentaire a été formulé avec comme fond sonore la consultation d’un patient apparemment désemparé dans une situation de divorce imminent, pas vraiment médicale donc, où l’on a entendu clairement le praticien dire « Combien vous voulez ? 3 semaines, 15 jours ? » puis le patient répondre « non, quinze jours ».
Il n’est pas difficile d’imaginer l’effet désastreux que pourra avoir cette petite tranche de vie sur l’opinion qu’en retireront tous ceux qui dénigrent notre profession à propos de ce type de prescription…
La deuxième observation qu’on peut faire est le contexte de cette consultation : une détresse personnelle dans une situation de rupture conjugale n’est pas une maladie, mais c’est au médecin généraliste qu’incombe la décision, lourde moralement et financièrement pour la société, d’interrompre une activité professionnelle et de mentionner sur la prescription d’arrêt de travail, puisque c’est obligatoire, « dépression réactionnelle » ou un code plus crypté type DSM 32x…
Est-ce normal ? Ne faut-il pas tenir compte, à côté des maladies avérées, de ces accidents de la vie qui peuvent nécessiter quelques jours de liberté pour faire face ? Voire permettre aux médecins de partager cette « corvée » avec d’autres professionnels (travailleurs sociaux par exemple ?)
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