À partir du 1er novembre, les six généralistes de la maison de santé de Saint-Flour (Cantal) ne recevront plus que sur rendez-vous. Les médecins ont pris cette mesure pour ne pas revivre les terribles difficultés vécues l’hiver dernier, et qui ont mis en péril l’existence du cabinet et la santé des praticiens. « À la fin de l’hiver, 50 % des associés étaient prêts à démissionner. On était au bord du burn-out », se souvient le Dr Patrick Accetta, gérant de la SCM.
Les soignants avaient dû faire face à une épidémie de grippe particulièrement importante, prendre en charge les patients des environs en situation de pénurie médicale, avec en plus des difficultés pour recruter des remplaçants. « On était en flux tendu, avec des salles d’attente pleines à craquer. Il a fallu qu’on refuse des patients », confie le Dr Accetta qui ne veut pas revivre cette situation.
Aujourd’hui, le médecin lance un cri d’alarme, auprès de la population et des autorités locales. « C’est la survie de la maison médicale qui est en jeu, insiste-t-il. Si l’un de nous dévisse, on ne pourra pas tenir financièrement. Ce sera la fermeture et Saint-Flour deviendra un désert médical. » Avec trois secrétaires, des locaux de 250 m2 en location, les charges de la maison de santé rendent l’équilibre financier de la structure très délicat. C’est aussi un handicap pour recruter des confrères. « On cherche à recruter un associé depuis le mois de mars pour faire face à l’afflux de patients… Et on n’y arrive pas, malgré notre réseau », s’inquiète le Dr Accetta.
« Les embêtements des caisses »
Pourtant, il souligne que lui-même et trois de ses confrères sont maîtres de stage et accueillent tous les ans des internes et des externes, susceptibles de s’installer. « Les charges sont d’emblée très importantes pour un jeune. Nous ne sommes pas compétitifs par rapport à des mairies qui leur proposent des conditions d’exercice très avantageuses, analyse le médecin. Et puis la charge de travail les rebute, il y a les embêtements que les caisses nous font… »
Le généraliste évoque les contrôles pour les prescriptions d’arrêts de travail, les rappels à l’ordre pour le recours aux bons de transport très fréquents dans la région… « La caisse nous demande de rembourser les bons qui ne sont pas justifiés, selon elle. Moi-même, j’ai dû rembourser 400 euros. Et on y est quasiment tous passé ! Comment voulez-vous attirer des jeunes dans ces conditions ? »
Le Dr Accetta en appelle également à l’ARS. « Nous ne bénéficions pas des aides car nous ne sommes pas labellisés. Mais c’est un tunnel administratif sans fin pour y parvenir ! », explique-t-il. Il attend également un coup de pouce de la communauté de communes propriétaire des locaux loués. Après des mois de silence, une réunion est prévue le 30 octobre prochain.
L’annonce de la création de 4 000 assistants médicaux ? Le Dr Accetta n’y croit pas. « Un assistant qui me prépare le travail en amont ou en aval de la consultation, ça ne m’intéresse pas trop. Pendant une consultation, il se dit beaucoup de choses avant, pendant et après. Combien de fois, en quittant le cabinet, la main sur la poignée, le patient vous confie des informations capitales ! »
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