Burn-out : une pathologie dangereuse... pour les autres ?

Je me fais incidemment arrêter par un patient dans une artère de notre cité. Il me tend la page d’un quotidien national réputé, et me dit en substance : « docteur, si ça vous arrive, il faudra avant tout penser à nous ».

Étonné par cette réaction, je me suis empressé de lire l’article auquel mon patient venait de faire référence (1). En fait, le titre parlait du burn-out des médecins et des risques potentiels sur la santé des patients.

Reconnaître l’existence de cette entité chez les professionnels de santé est une bonne chose. Cependant, partir du principe que le burn-out peut être générateur d’erreurs médicales, cela peut se révéler exact, mais ne devrait pas être développé de cette façon auprès des lecteurs de ce journal.

En effet, derrière l’exposé de cette problématique et de ses conséquences, on développe un climat de suspicion à l’égard de son généraliste (ce sont les premiers à être concernés du fait de leur nombre par le burn-out).

Dès lors se pose la question de la pertinence des propos de notre Président qui souhaite, pour limiter l’engorgement hospitalier, que les médecins puissent avoir des amplitudes de travail plus larges. Ne majore-t-on pas de cette manière le burn-out ? Certainement !

Avant de s’attaquer aux conséquences du burn-out n’aurait-il pas été plus judicieux de s’attacher à déterminer les causes ? Nombreux sont les confrères qui s’impliquent dans cette dynamique, mais force est de constater que le problème devient de plus en plus important, et que politiquement rien n’est réellement acté pour améliorer cette situation ; bien au contraire !

« Qui se borne à l’effet sans posséder la cause peut se chauffer au feu, mais ne l’allume pas » Amiel HF. Journal intime. 1877.

(1) Prigent A. Le burn out des médecins, un risque potentiel pour le patient. Le Figaro santé 24/09/ 2018. http://sante.lefigaro.fr/article/le-burn-out-des-medecins-un-risque-pot….