Le Dr Yves Léopold, médecin généraliste en Avignon (Vaucluse), est décédé dans sa 68ème année, ce lundi 16 janvier, des suites d'une longue maladie, a annoncé la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF).
Syndicaliste à la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Léopold fut un spécialiste reconnu du dossier de la retraite et de l'action sociale. Il a occupé pendant plus de 20 ans des fonctions à la CARMF, en tant que délégué puis d'administrateur, jusqu'au poste de vice-président. « Il a fortement contribué à l'action de la caisse, en particulier dans le domaine de l'action sociale et de l'aide aux soignants », a souligné le président de la CARMF, le Dr Thierry Lardenois.
Joint ce lundi soir, l'ancien président de la CARMF, le Dr Gérard Maudrux, se souvient d'un homme « toujours présent, de très bon conseil, gros travailleur mais dans la discrétion. J'aurais aimé qu'il me succède à la tête de la CARMF, mais il n'a jamais voulu ». Lui aussi rend hommage à ce médecin si fortement investi dans le soutien à ses confrères. « On parle souvent des sept péchés capitaux mais jamais des sept vertus capitales. Il les avait toutes ».
La prévention des risques psychosociaux et du suicide chez les médecins fut l'engagement de toute sa vie. « Tout a commencé lorsqu'il s'est aperçu qu'il y avait un taux de suicide de médecins élevé dans sa région, se rappelle le Dr Jean-Claude Régi, ancien président de la FMF et très proche ami. Il avait été très marqué par le décès d'un confrère et se reprochait de n'avoir pas su détecter sa détresse. »
Une enquête coup de poing
En 2003, le généraliste du Vaucluse mène une enquête qui fera date montrant une surmortalité par suicide des médecins dans 26 départements. À partir de données parcellaires recueillies, le Dr Léopold avait répertorié sur cinq ans 69 suicides sur 492 décès, au sein d'une population totale de 42 137 médecins actifs répartis sur 26 départements. « L'incidence du suicide sur ces données incomplètes mais sur un effectif important est donc de 14 % », conclut son étude en octobre 2003, tandis que le taux d'incidence du suicide était de 5,6 % des décès dans la population générale en 1999, pour la population d'âge comparable (de 35 à 65 ans).
Ce travail aura des répercussions majeures jusqu'à aujourd'hui. « Il a fait partie des premiers à essayer de comprendre comment aider ces médecins en difficulté, poursuit le Dr Régi, il parlait de la nécessité de trouver ces fameux marqueurs de risque ». Parmi eux, les problèmes financiers (dont retards de paiement de la cotisation ordinale et à la caisse de retraite), un divorce, des addictions, problèmes ordinaux ou judiciaires ou une maladie mentale.
Le Dr Léopold avait incité l'Ordre du Vaucluse à créer une cellule de prévention pour aider les médecins en souffrance susceptibles de descendre une mauvaise pente.
Il y a quelques semaines encore, le Dr Léopold, ancien président de l'association pour les soins aux soignants, regrettait auprès du « Quotidien » que la France soit longtemps restée « dans le déni » face à la souffrance des médecins. « C’est un sujet tabou, un médecin qui va mal est inquiétant pour la population, pour l’Ordre, et on n’aime pas trop en parler », confiait-il. Le Dr Léopold aura grandement contribué à libérer la parole sur ce sujet crucial.
« Le Quotidien » présente ses sincères condoléances à sa famille et à son entourage.
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