En Rhône-Alpes, le réseau ASRA invite les médecins en souffrance à appeler à l'aide

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Publié le 13/10/2017
ASRA

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Crédit photo : PHANIE

Le réseau d'aide aux soignants de Rhône-Alpes (ASRA)*, créé il y a cinq ans, a présenté, ce mardi 10 octobre à Lyon, un bilan alarmant des appels de médecins victimes d’épuisement professionnel.

« Leur nombre, 40 % environ, est sans cesse en augmentation. Les praticiens se retrouvent malheureusement isolés et désemparés lorsqu’ils sont eux-mêmes sujets au burn-out », a indiqué le réseau régional. Les facteurs de risques évoqués sont multiples : manque de praticiens, fortes contraintes administratives, horaires de travail à rallonge, exigence des patients, incivilités, soucis familiaux, problèmes financiers ou encore syndromes dépressifs.

Selon le réseau ASRA, les médecins sont les plus exposés parmi les professions libérales : 14 % des décès de praticiens actifs seraient liés à des suicides à la suite d'un épuisement professionnel.

L'épuisement professionnel, première cause d'appel

Le réseau traite entre 3 à 7 appels par mois, qui sont assurés par 44 confrères volontaires et bénévoles, 24h/24 et 7j/7 via un serveur vocal gratuit.

Les appels concernent davantage de femmes (61 %), dont 10 % de conjointes de professionnels. Parmi les spécialités, les généralistes sont les plus concernés (39 %), 30 % des appels sont d’origine hospitalière. L’âge moyen des appelants est de 52 ans. Les demandes de soutien proviennent autant de professionnels de ville que de la campagne.

Les appels – ou beaucoup plus rarement les e-mails – font suite en tout premier lieu à un épuisement professionnel (31 %), à une situation conflictuelle (21 %), à des difficultés financières (11 %) ou encore à des problèmes psychiatriques (11 %). 9 % des demandes d’aide résultent d’un besoin de parler, et 4 % relèvent de une addiction (alcool, drogue).

L’aide apportée par ASRA aboutit dans 43 % des cas à l’orientation vers un référent psychiatrique, dans 32 % à une commission d’entraide, 7 % à un avocat ou encore 7 % vers des structures dépendant d’assurances ou de caisse de retraite.

Ne pas hésiter à demander de l’aide

Le réseau d’aide aux soignants a également voulu faire passer un message : « Il faut se reconnaître comme vulnérable et être conscient de sa souffrance individuelle. On peut essayer de trouver des solutions en identifiant les facteurs de risque. Il est important également d’apprendre à canaliser ses émotions, pratiquer l’empathie, participer aux formations et trouver un bon équilibre familial », recommande le réseau.

Les appels ou mails (quand leur origine a été précisée) reçus au cours des 5 dernières années proviennent majoritairement du Rhône (140), de l’Isère (44), la Haute-Savoie (37), la Loire (26), l’Ain (19), la Savoie (15), l’Ardèche (5) et la Saône-et-Loire (1). « Il y a encore beaucoup de médecins qui ne nous connaissent pas, reconnaît le Dr Michel Evreux, président de l’ASRA. Cela vaut d’autant plus pour les hospitaliers qui ne veulent pas se confier aux cadres, de peur de représailles. Nous menons aussi des préventions auprès des internes, notamment à Lyon, Grenoble et Saint-Étienne. »

* Le réseau ASRA est à l’écoute des médecins en difficulté au 0 805 62 01 33 ou par e-mail : contact@reseau-asra.fr


Source : lequotidiendumedecin.fr