L’enquête réalisée en 2013 par TNS Sofres à l’initiative du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) auprès de 1 600 internes et chefs de clinique franciliens est riche d’enseignements sur les aspirations des jeunes médecins. Zoom sur les attentes de la nouvelle génération.
• Travailler moins pour vivre mieux
Toutes les études le confirment : la nouvelle génération aspire à travailler moins que la précédente.
À l’hôpital, les praticiens dépassent souvent les 48 heures hebdomadaires réglementaires, ce qui occasionne des conflits récurrents dans les établissements. En ville, le temps de travail d’un généraliste libéral est en moyenne de 57 heures par semaine (DREES, mars 2012).
L’enquête du SIHP montre que les jeunes médecins veulent lever le pied. À la fin de l’internat, 42 % des diplômés souhaitent travailler entre 35 et 50 heures par semaine, pas davantage. Dix ans après le clinicat, ce taux atteint 64 %. Neuf sondés sur dix plébiscitent la semaine de 4 jours. « Avec la féminisation, la médecine perd le caractère sacerdotal qu’on lui prête », affirme Mathieu Levaillant, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Depuis 2007, plus de 60 % des internes sont des femmes. Deux nouveaux internes de médecine générale sur 3 sont des femmes. Or, elles souhaitent majoritairement exercer entre 35 et 50 heures par semaine tandis que deux hommes sur trois envisagent un temps de travail hebdomadaire supérieur à 50 heures.
Selon une récente enquête nationale de l’Intersyndicat national des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), les futurs médecins de famille souhaitent travailler au maximum 9,2 heures par jour et 4,5 jours par semaine.
• La qualité de vie avant le salaire
La génération Y recherche le juste équilibre entre carrière et vie privée. Cet équilibre tout comme « la bonne ambiance de travail » ou « l’intérêt de la pratique médicale » figurent parmi les préoccupations principales des jeunes médecins désormais devant les revenus.
Pour éviter les formalités et tracasseries administratives, et par crainte du poids excessif des charges, la jeune génération tarde à s’installer (39 ans en moyenne), après une longue période de remplacement.
Selon l’enquête de l’ISNAR-IMG, 55 % des internes envisagent d’être remplaçants à la fin de leurs études... avant de s’installer !
Autre requête : les jeunes médecins réclament depuis quelques années une amélioration de leur protection sociale pendant la maladie et les femmes médecins veulent disposer d’une vraie couverture pendant la grossesse. Même s’il peine à recruter, le dispositif du praticien territorial de médecine générale (PTMG), qui garantit un salaire mensuel minimal de 3 640 euros nets et une protection sociale renforcée, contre un engagement à exercer au moins deux ans dans une zone sous dense, répond en partie à ces attentes.
Les futurs médecins interrogés par « le Quotidien » insistent sur leur volonté de ne pas être « seuls » et « isolés », de « pouvoir prendre leurs congés » et « partager les gardes » (voir ci-dessous).
• L’exercice regroupé plébiscité
L’installation en solo ou le simple partage des murs, c’est fini ! Selon un récent baromètre de la MACSF sur les professionnels de santé, 86 % des étudiants et internes qui souhaitent s’installer en libéral envisagent de le faire dans un cabinet de groupe ou dans une structure formalisée d’exercice collectif. Les candidats aux ECN qui ont un projet libéral citent très majoritairement les maisons et pôles de santé pluridisciplinaires.
Les jeunes médecins veulent donc jouer en équipe et aspirent à travailler en étroite collaboration avec les autres professionnels de santé. Ils sont - davantage que leurs aînés - favorables à la délégation d’une partie de leurs tâches. « Nous sommes prêts au transfert de compétences dans certains cas », affirme Mathieu Levaillant, qui évoque la prise en charge d’une entorse simple par un kinésithérapeute.
« En se substituant les uns aux autres dans ces structures collectives, les médecins sont prêts à se partager les patients. Ils travaillent un peu moins de jours dans l’année mais leurs journées sont chargées et ils réalisent le même nombre d’actes avec une organisation différente, et des remplacements plus faciles », analyse Yann Bourgueil, directeur de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES).
• L’activité mixte public/privé
L’exercice libéral exclusif n’attire plus les jeunes médecins autant que par le passé. Selon la MACSF, 26 % des étudiants et internes interrogés envisagent ce seul mode d’exercice, 45 % souhaitent devenir salariés et 29 % envisagent un exercice mixte. « Les étudiants sont favorables à un exercice mixte hospitalier et ambulatoire avec un accès à la recherche à l’hôpital et un exercice différent en ville », explique Mathieu Levaillant.
Le secteur privé permet de répondre à leurs attentes en termes de revenus et d’indépendance mais le secteur public présente un intérêt pour la pratique, l’enseignement ou l’accès à un plateau technique.
Pour autant, si seulement 12 % des nouveaux inscrits à l’Ordre des médecins en 2007 ont choisi un exercice libéral, ils étaient tout de même 35 % à exercer en ville cinq ans plus tard. Conséquence de l’attrait pour l’exercice mixte : la jeune génération est favorable à la diversification de la rémunération. 80 % des internes de médecine générale sondés par l’ISNAR-IMG souhaitent sortir du paiement à l’acte exclusif au profit d’une rémunération mixte (forfait, capitation et dans une moindre mesure paiement à la performance).
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