2021, année des généralistes libéraux ? Si leur rôle dans la vaccination de masse « a été déterminant et l’est toujours », la récompense n'a certainement pas été au rendez-vous, selon les Généralistes-CSMF. En cette période de Noël, le syndicat du Dr Luc Duquesnel a énuméré à ses adhérents tous « les petits cadeaux » faits aux généralistes depuis un an. Une liste rétrospective caustique et teintée d'amertume…
Dès janvier, l'auto-arrêt de travail immédiat et indemnisé a été autorisé pour les personnes ayant des symptômes Covid ou cas contact, sans aucun délai de carence. Le Premier ministre avait annoncé cette possibilité afin d'optimiser les mesures d'isolement, déclenchant le courroux des généralistes.
En février c'est « carême », grince le syndicat, « les consultations sont toujours à 25 euros ». En mars, les Généralistes-CSMF rappellent « l'interdiction provisoire » pour les médecins de commander eux-mêmes des vaccins contre le Covid, tandis que les pharmacies, elles, pouvaient le faire…
« Déception » des négos
Avec le printemps pointent d'autres déconvenues. En avril, c'est l'arrêt du paiement à l'acte dans les centres de vaccination, remplacé par des vacations pour tous les professionnels de santé réalisant des injections ; en mai, l'installation de cabines de téléconsultation dans les supermarchés Monoprix et les mairies, ou encore l'obligation d'envoi des justificatifs de feuilles de soins électroniques en mode dégradé ont également mécontenté les libéraux.
En juin cette fois, le syndicat rappelle l'arrêt des mesures dérogatoires (majoration d'urgence en Ehpad, téléconsultations par téléphone) qui avait, là encore, déclenché la colère de la profession. Et en juillet, c'est le plafonnement des rémunérations des saisies de vaccin Covid. « Le fait du prince », taclent les Généralistes-CSMF face à cette décision de la Cnam.
En août arrive « la déception des négociations conventionnelles » avec la signature de l'avenant 9 dans lequel « les consultations complexes sont oubliées », « le service d'accès aux soins (SAS) n'incite pas les médecins traitants à prendre en charge des soins non programmés », et avec un DMP « sans volet de synthèse médicale structuré rémunéré » à sa juste valeur.
La « duperie du Dipa »
La fin d'année apporte d'autres douches froides. En septembre, paraît le décret d'application de l’avenant 9 avec les rémunérations des soins non programmés (SNP) dans le cadre du SAS. Des rémunérations « variables, payées un an après la réalisation des actes ! Un scandale pur et simple, inapplicable et qui entraîne un boycott du SAS dans la très grande majorité des départements pilotes », résume le Dr Le Liboux.
Puis vient « la duperie » du dispositif d'indemnisation pour perte d'activité (Dipa). La Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam) réclame en effet des indus à 30 % des généralistes, à la suite de surdéclarations, déclenchant la colère des syndicats de libéraux. En novembre, les généralistes seront tout aussi échaudés par la diminution (d'environ 25 %) des émoluments en centres de vaccination décidée par le ministère de la Santé pour s'aligner sur les tarifs pratiqués dans les cabinets.
Délégations de tâches subies
Coup de grâce en décembre, avec l'adoption définitive du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Ce dernier expérimente un accès direct pour les kinés et les orthophonistes en structure coordonnée, et la primoprescription pour les infirmiers en pratique avancée (IPA), autant de mesures qui ont irrité les syndicats de médecins libéraux et l'Ordre des médecins.
Après cette litanie de (mauvaises) surprises, « nul besoin de passer votre commande au Père Noël, vous avez déjà tout », ironisent les Généralistes-CSMF. Le syndicat invite ses troupes à continuer de se battre « malgré tous ces vents contraires » et à garder le cap « d’une médecine libérale et sociale respectée, avec un accès aux soins de qualité pour tous ».
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