Regroupés au sein du pôle de santé du Coglais, les professionnels de santé du territoire de Couesnon-Marches de Bretagne (Île-et-Vilaine) ne cachent pas leur colère. Dans leur viseur, la décision de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne de ne pas classer ce territoire déficitaire médicalement en « zone d'intervention prioritaire », classement qui permet d'être éligible à diverses aides financières non négligeables (conventionnelles, territoriales, fiscales).
Des maisons neuves et vides
Créé en 2009, le pôle de santé du Coglais regroupe une trentaine de professionnels dont six médecins et deux étudiants thésés collaborateurs pour un bassin de vie de 12 000 habitants. Or d'ici à 2019, deux praticiens prendront leur retraite. Pas sûr que la décision de l'ARS incitera les jeunes à s'installer… Pire. « Un autre médecin a manifesté son intention de s'installer dans le pôle…si le territoire est classé en zone d'intervention prioritaire. La décision de l'ARS risque de lui faire changer d'avis », se désole le Dr Christian Rousseau, médecin généraliste.
Le président du pôle de santé – aujourd'hui à la retraite – avoue ne pas comprendre la décision de la tutelle régionale. « Depuis cinq ans, nous sommes engagés dans une démarche qualité avec l'ARS afin de rendre le territoire attractif pour les étudiants qui préfèrent plutôt s'installer dans la couronne rennaise, explique-t-il. Nous avons favorisé le travail pluriprofessionnel avec un logiciel médical commun, développé des programmes d'éducation thérapeutique pour les patients diabétiques, de prise en charge des personnes âgées pour prévenir les chutes… Avec cette décision, nous nous sentons trahis par l'ARS qui privilégie les secteurs avec les maisons de santé neuves et vides ».
Pétition, affiches, banderoles
Depuis une semaine, soutenus par les élus de la communauté de communes, les professionnels de santé mobilisent les patients à travers une pétition, une campagne d'affichage dans les salles d'attente et des banderoles « ZAD médicale » (Zone à défendre) installées aux abords de trois maisons de santé (Maen Roch Saint-Brice, Maen Roch-Saint Etienne, et Les Portes du Coglais-Montours).
En lançant cette opération, médecins, pharmaciens et infirmiers espèrent faire plier l'ARS. « Elle doit changer d'avis pour classer notre secteur en zone prioritaire pour deux ou trois an, résume, déterminé le Dr Rousseau. Sinon nous serons dans une spirale négative en offre de soins alors que la population va augmenter ».
De son côté, l'ARS, jointe par « le Quotidien », reste droite dans ses bottes. Elle fait valoir que cette cartographie est le fruit des travaux réalisés en concertation avec les professionnels, les élus et les patients. Et ne souhaite pas réagir au mécontentement des soignants du pôle de santé – en attendant la fin de la concertation prévue le 3 juin.
Un nouvel arrêté de « zonage » médical avait été publié au « Journal officiel » fin 2017. Ce texte identifie les territoires où l'offre de soins est fragile et élargit de 7 à 18 % de la population nationale les zones qui pourront bénéficier d'aides conventionnelles ou fiscales.
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