UN « RACONTEUR » plutôt qu’un écrivain. Ainsi se définit le Dr Borée, auteur d’un premier livre émouvant, « Loin des villes, proche des gens – Chroniques d’un jeune médecin de campagne ». Sur 250 pages, ce jeune généraliste, la petite quarantaine, raconte son quotidien, dans un bourg de 1 500 âmes du Sud-Ouest de la France.
Le livre du Dr Borée est avant tout un hommage à ses patients. « Je me suis installé il y a 7 ans et je ne regrette rien, nous raconte-t-il, lors d’une rencontre fortuite pendant un congrès de médecine. En parallèle à l’isolement professionnel, la ruralité offre aussi un rapport privilégié, une proximité incroyable avec les patients ».
Parmi eux, le Dr Borée aime bien ses « cancres ». « Tous des hommes. Tous sympas et bons vivants. Mais comme patients, ils sont vraiment nuls », écrit-il, avant de concéder avec humour qu’il ne les envoie pas au coin pour autant. « Tant qu’ils se tiennent tranquille, qu’ils prennent à peu près leurs médicaments, qu’ils font leurs prises de sang et leurs fonds d’œil, j’arrête de les embêter ».
Il y a Jacqueline, un « caractère de fer et une santé du même métal » qui, un jour, débarque au cabinet médical « jaune comme un pissenlit ». Selles décolorées. Aucune douleur. « Glacé et paniqué » devant sa patiente « tranquille et sereine », le Dr Borée comprend. « En médecine générale, nous ne fermons jamais nos dossiers que dans deux cas : pour passer la main à un autre ou parce que notre patient est décédé. De victoire finale, jamais ».
À coups d’« Antidepressor » et de « Supertrankil »
Cathartique, l’écriture du Dr Borée est aussi dénonciatrice. Les patients, la profession, les labos et… Roselyne Bachelot. Sur ces sujets, l’émotion cède souvent le pas à l’agacement. Exemple : l’histoire de René le solitaire, 80 ans, veuf, à qui le Dr Borée préférerait parfois prescrire « l’adoption d’un chien – usage quotidien, à volonté », plutôt que les habituels « Antidepressor 75 mg 1/j » et « Supertrankil 10 mg 1/2 matin et soir ». René toujours, en vadrouille au CHU, à la recherche du service pneumologie. « Au lieu de prendre l’ascenseur H, il a pris l’ascenseur G, se souvient le Dr Borée. Il est sorti au septième au lieu du neuvième ». Il s’égare « dans les méandres d’un CHU », comme n’importe qui. Et quand il indique son adresse au pneumologue sur lequel il a enfin pu mettre la main, il ne précise ni rue, ni numéro. Pas nécessaire dans les petits patelins. Résultat : une missive du spécialiste sur le bureau du généraliste, s’interrogeant « sur les fonctions cognitives de M. René ». « Ca nous aura bien fait rigoler, René et moi », conclut le Dr Borée. Mieux vaut en rire qu’en pleurer.
« Loin des villes, proche des gens – Chroniques d’un jeune médecin de campagne », Dr Borée, City éditions, 14,95 euros, 2012
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