L’idée lancée par des médecins bretons fait son chemin. Depuis plusieurs semaines, le Dr Ivane Audo et ses confrères cotent un DE en dehors de la tranche horaire 9h-17h, correspondant aux heures d’ouverture de la Sécu. Une astuce qui leur permet de revaloriser le tarif de consultation bloqué à 23 euros depuis 2011. Et un pied de nez à tous ceux qui affirment que les médecins sont des salariés de la Sécu.
« C’est une idée qui plaît, reconnaît le Dr Hermann Neuffer. On en parle beaucoup entre nous et de nombreux confrères vont se laisser tenter je pense. » Installé à Bordeaux, le généraliste va bientôt franchir le pas. « Je me donne un peu de temps pour l’expliquer à ma patientèle, explique-t-il. J’ai une relation humaine avec eux, je ne veux pas leur imposer cela du jour au lendemain. »
Bien sûr, les dépassements seront appliqués avec « tact et mesure », et modulés en fonction des besoins et des ressources des patients.
Le généraliste a longtemps réfléchi avant de se décider. « Je travaille 60 heures par semaine, je n’ai plus le temps de faire quoi que ce soit en dehors de mon travail. Les tâches administratives s’accumulent. Ça ne peut pas continuer comme ça », raconte le Dr Neuffer. Pour lui, la trouvaille de ses confrères bretons est « la seule solution pour s’en sortir ».
La crainte des représailles
Le généraliste craint cependant les représailles de la CNAM, qui voit d’un mauvais œil cette initiative. Contactée par « le Quotidien », l’Assurance-maladie assure que « la démarche initiée par ces médecins est illégale et pénalise en premier lieu les patients. Une modulation du tarif est possible, mais en fonction des patients reçus et non de l'heure de la consultation ». En Bretagne où est née cette initiative, la caisse aurait déjà convoqué des patients pour préciser dans quelles conditions ces dépassements auraient été appliqués.
Pourtant, les malades ne seraient pas opposés à la méthode, « bien au contraire, confirme le Dr Neuffer. Ils sont très compréhensifs et ils voient bien que les tarifs de consultation ne sont pas à la hauteur du service rendu ». Par ailleurs, la plupart des mutuelles prendraient en charge les DE, selon les retours du Dr Ivane Audo auprès de sa patientèle.
La Sécu s’étonne par ailleurs de la démarche de ces médecins frondeurs alors que les négociations conventionnelles démarreront dans quelques jours avec, au menu, « la question des conditions d'exercice et de rémunération ». Réponse du Dr Neuffer, quelque peu désabusé : « Je n’attends plus rien des autorités. On a affaire à des gens qui ne réalisent pas les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. »
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