Le 28 février, les sénateurs entameront l’examen d’une proposition de loi visant à expérimenter les maisons de naissance, qui propose une prise en charge de la grossesse et de l’accouchement avec une « médicalisation raisonnée ».
Adossées aux maternités (avec lesquelles une convention est établie), les maisons de naissance sont des structures dépourvues de médecins, où les sages-femmes assurent l’accompagnement global (suivi de grossesse, accouchement, suites de couches) pour des patientes sans pathologie ni risque avéré.
Cette proximité des maisons de naissance avec l’hôpital est essentielle pour « des questions de sécurité, afin d’assurer un transfert rapide de la mère » vers une équipe médicale en cas de problème, indique Muguette Dini, sénatrice centriste du Rhône à l’origine de la proposition de loi.
En France, les projets pilotes se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main quand il en existe 150 en Allemagne.
Un accouchement à 600 euros
Dominique Gillot, sénatrice du Val d’Oise, est favorable aux maisons de naissance. « Ces structures permettent de désengorger les maternités. Dans mon département, la maison de naissance de Pontoise existe depuis sept ans. Salariées, les sages-femmes y accueillent 100 patientes par an et en refusent le double, faute de places ».
Le coût d’un accouchement en maison de naissance est évalué à 600 euros (structure et honoraires de la sage-femme), contre 3 000 euros pour 4,4 jours d’hospitalisation en maternité, durée moyenne observée.
À Paris, le CALM (Comme à la maison) est l’association qui gère la maison de naissance des Bluets. Les sages-femmes y travaillent en libéral. « Les chambres pour accueillir les patientes sont prêtes, les personnels aussi, mais faute de cadre législatif, l’accouchement s’effectue sur le plateau technique de la maternité, un étage au-dessus », témoigne Anne Morandeau, sage-femme.
Dans cette maison de naissance, les sages-femmes pratiquent des dépassements d’honoraires, « petits » sur les consultations mais « plus importants » sur l’acte d’accouchement, coté 313,70 euros. Insuffisant, selon le CALM, qui milite pour une revalorisation.
Depuis 4 ans et demi, 200 accouchements ont eu lieu dans cette maison de naissance; 26 % d’entre eux ont nécessité l’intervention d’une équipe médicale, pour cause de pathologie.
Pas une solution à la mort in utero
Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes et le Collège national des gynécologues et des obstétriciens français soutiennent aussi le projet défendu par Muguette Dini. « Les maisons de naissance sont une alternative, elles ne remplaceront jamais les petites maternités », précise Marie-Josée Keller, présidente de l’Ordre des sages-femmes.
Après la mort d’un fœtus in utero à la maternité de Port-Royal, le 1er février, l’instance prévient : « les maisons de naissance ne régleront pas le problème de la mort in utero, qui est imprévisible ». On compte en France trois morts in utero pour 1 000 naissances.
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