Le Syndicat français des ostéopathes (SFDO) appelle le gouvernement à réguler d’urgence sa profession. Car en dépit d’une reconnaissance officielle depuis la loi du 4 mars 2002, l’ostéopathie traverse une crise profonde. « Elle rencontre un succès croissant et continu auprès des patients mais suscite de nombreuses questions et oppositions en raison notamment du nombre exponentiel de professionnels sur le territoire », affirme le SFDO.
74 écoles !
Plus de 17 000 ostéopathes exercent en France et 74 écoles ont été agréées par le ministère de la Santé. « Le manque d’encadrement officiel de la profession et la grande hétérogénéité des formations proposées participent à ce chaos », poursuit le SFDO. Le syndicat demande aux pouvoirs publics d’établir des « repères fiables » permettant de garantir aux patients une « ostéopathie de qualité ».
Selon cette organisation, il serait nécessaire que les ostéopathes exclusifs soient enregistrés auprès d’un unique organisme représentatif, après une formation de 5 ans minimum (4 200 heures dont 800 de stages pratiques, critères de l’OMS). Par ailleurs, une consultation devrait durer de 30 à 45 minutes et son coût être compris entre 40 et 60 euros en moyenne. Un interrogatoire et un examen préalable devraient être réalisés par l’ostéopathe, ajoute le SFDO, afin de s’assurer que le patient ne présente aucune contre-indication à une prise en charge ostéopathique.
Tensions avec les médecins
Depuis la loi du 4 mars 2002, le titre d’ostéopathe est partagé entre les professionnels de santé et les ostéopathes exclusifs. Or, leurs relations se sont considérablement tendues ces dernières semaines. L’Union des médecins ostéopathes (UMO), qui fédère trois syndicats, le SNMO, le SMMOF et Ostéos de France, a dénoncé l’exercice d’ostéopathes exclusifs dans des cabinets médicaux, des cliniques mais aussi des hôpitaux publics et privés, alors que leur présence y est interdite. De même, les médecins ostéopathes s’inquiètent que la frontière soit de plus en plus poreuse entre le médecin qui établit un diagnostic et l’ostéopathe exclusif.
« Le climat est de plus en plus corporatiste, regrette Thibault Dubois, porte-parole du SFDO. L’Ordre des médecins recommande de ne pas accepter d’ostéopathes exclusifs dans des maisons de santé mais il y a quelques exemples où cette présence est tolérée et où cela marche bien. »
Le responsable syndical relève que l’AP-HP va lancer un appel à projet dans les 3 années qui viennent pour faire de la recherche sur la médecine complémentaire « et l’ostéopathie en fait partie ».« À Paris et à Lyon, quelques ostéopathes exclusifs ont déjà été intégrés à des projets de recherche », ajoute Thibault Dubois. Il juge que la formation doit être tirée par le haut pour tous les ostéopathes, professionnels de santé ou non.
Signaux contradictoires de l’État
La réglementation de 2007 n’a en effet rien réglé et les écoles d’ostéopathie dont le niveau est disparate ont poussé comme des champignons. Une commission nationale d’agrément des écoles d’ostéopathie avait bien vu le jour mais elle n’a pas été renouvelée en juin dernier. Elle n’a donc pu donner son avis – consultatif mais pourtant obligatoire – sur la dizaine d’agréments et renouvellements enregistrés par le ministère de la Santé depuis cette date.
Le SFDO a décidé d’engager des recours contre chacun d’eux pour non-respect de la procédure. En janvier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé l’arrêté d’agrément d’un institut de formation en raison du défaut d’avis préalable de la commission nationale d’agrément.
Le SFDO déplore les signaux contradictoires envoyés par les pouvoirs publics sur ce sujet. « D’un côté on nous reçoit pour parler d’une évolution de la réglementation et de l’autre l’État se met dans l’illégalité en délivrant de nouveaux agréments d’école », déplore Thibault Dubois.
L’ostéopathie semble avoir plus que besoin d’une reprise en main des pouvoirs publics.
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