Le plus dur étant passé, l'union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux PACA veut désormais tirer les leçons de la crise sanitaire liée au Covid-19. Après avoir sondé sa base, l'union sudiste publie ce jeudi 23 juillet un livre blanc sur la gestion de la crise. Ses conclusions sont sans appel : faute d'une coordination efficace des tutelles, la médecine de ville a été mise à l'écart.
L'URPS tire à boulets rouges sur le travail de l'agence régionale de santé (ARS) PACA. Elle constate un « décalage profond et chronique entre les réalités de terrain des soignants et les réponses apportées par l’ARS ». En cause notamment, une gestion des équipements de protection individuelle « tardive et inéquitable » ainsi que « l'absence de soutien opérationnel » apporté aux médecins libéraux dans le déploiement des centres Covid.
L'URPS pointe une « lourdeur de fonctionnement » pénalisante alors que la crise appelait des réponses rapides sur le terrain. Pour y remédier, elle suggère d'organiser la décentralisation de la prise de décision avec « par exemple la présidence du conseil de surveillance assurée par le président du conseil régional et la nomination d’un conseiller médical à la médecine de ville auprès du directeur général de l'ARS ».
« Hospitalocentrisme atavique »
L'URPS dénonce par ailleurs le manque de coordination entre la ville et l'hôpital au cœur de la crise. Elle fustige « l'hospitalocentrisme atavique de l'administration française » qui a conduit à désorganiser l'offre de soin sur le territoire. Alors que les hôpitaux étaient « débordés », les cabinets de médecine restaient vides et « les établissements privés ont été classés en troisième ligne pour accueillir des patients non Covid, ou Covid non inquiétants, sans pouvoir assurer leurs fonctions normales », regrette l'union.
En outre, « de lourdes restrictions » ont été imposées aux établissements une fois la première vague passée, empêchant une reprise normale de l'activité. Enfin, la centralisation des appels sur le 15 a, selon l'URPS, empêché les médecins traitants d'assurer un suivi correct de leurs patients. Cela s'est accompagné d'une « autonomisation des établissements publics et notamment des CHU », avec pour conséquence la rupture des retours d’informations vers le médecin traitant.
Pour couronner le tout, l'URPS PACA regrette de n'avoir pas été invitée à participer au Ségur de la santé. Cette grande messe qui « avait pour mission de permettre le partage des expériences de la crise et la construction d’une nouvelle organisation des soins, s’est totalement focalisée sur l’hôpital, au mépris du rôle et de la mobilisation des professionnels de santé libéraux, médecins, infirmiers, biologistes et pharmaciens », dénoncent les élus libéraux.
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