Le genre, l'animal, l'euthanasie

Absurdes débats

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Publié le 24/09/2018
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Idéees-La Philosophie devenue folle

Idéees-La Philosophie devenue folle

Parodiant une expression récente, on pourrait dire que « le monde est plein de débats sociétaux devenus fous ». Le genre est-il distinct du sexe comme nouveau fondateur de l'identité ? Les animaux sont-ils des êtres sensibles, ont-ils des droits ? Doit-on légaliser l'euthanasie ?

L'auteur ajoute immédiatement que ce ne sont plus des débats, puisque des sondages ont établi que les Français répondent massivement « Oui » à ces questions. Du moins à deux d'entre elles : 89 % se déclarent favorables « à la modification du statut juridique de l'animal dans le Code civil » et 95 % sont d'accord pour abréger la vie de personnes atteintes de maladies insupportables et incurables. Sur la question du genre, ils sont beaucoup plus réticents.

Jean-François Bronstein rappelle que ces débats, et leurs réponses, ont d'abord « traversé l'Atlantique », où ils ont pris racine et acquis une sorte d'honorabilité ; ce sont des « thèmes ultraclassiques de la réflexion morale anglo-saxonne ». Pour preuve, le succès obtenu en Europe par les travaux de Judith Butler sur la notion de genre, terme détenteur d'une honorabilité parfaite, se substituant à celui de sexe, jugé sans doute trop cru.

Immense personnage, psychologue de l'université américaine Johns Hopkins, John Money est le premier à utiliser le concept de genre, qu'il oppose par sa souplesse à « la rigidité du sexe » (sic). Le livre lui consacre des pages savoureuses et inquiétantes. Son obsession ? Montrer qu'il n'y a pas de distinction entre le normal et le prétendu pathologique, que la perversion sexuelle n'existe pas.

Des thèses qui peuvent déboucher sur la zoophilie. Ainsi la célèbre théoricienne des cyborgs, Donna Haraway, veut rompre « la barrière d'espèces » et décrit longuement les baisers profonds qu'elle échange avec sa chienne. Ainsi en arrive-t-on à justifier des expériences scientifiques sur des animaux, et sur son propre corps, « l'amputomanie ».

Ceux qui jugeront choquants les exemples donnés par l'auteur ne doivent pas regarder le doigt plutôt que la lune, mais noteront que l'ouvrage mêle le scandaleux et l'acceptable. Doit-on penser que ceux qui considèrent que les animaux ont une sensibilité tombent forcément dans la sensiblerie ?

Jean-François Braunstein, « la Philosophie devenue folle », Grasset, 400 p., 20,90 €

André Masse-Stamberger

Source : Le Quotidien du médecin: 9688