« ALCESTE » est la première des deux mises en scènes réalisées ce trimestre pour l’Opéra de Paris par Olivier Py, le nouveau directeur du Festival d’Avignon, et son scénographe Pierre-André Weitz (« Aïda » suivra en octobre). Ce n’était pas l’orchestre maison qui officiait, ni ses chœurs, mais une formation baroque et une distribution limite pour une première scène nationale – et les tarifs pratiqués. Py et Weitz reprennent le système de praticables et d’escaliers qui leur est cher, mais, cette fois, tout est gris ardoise. Sur scène, quatre dessinateurs s’emploient à figurer, par de jolies esquisses à la craie, telles des fresques, les lieux de l’action. Celle-ci étant assez mince (schématiquement, le roi Admète doit mourir sur prescription des dieux infernaux et la reine Alceste veut mourir à sa place, avant qu’ils soient sauvés tous les deux par Hercule et Apollon), cela donne loisir à ces artistes de déployer leur talent et c’est la partie la plus réussie du spectacle. Lequel ne convoque pas le spectateur dans une ambiance de tragédie grecque, mais dans un temps plutôt contemporain, où tout le monde est habillé en noir, certes, mais à la bonne franquette, le pire étant Admète, qui a l’air d’arriver tout droit d’un rang de serveurs au Café de la Paix…
Froideur.
Après l’entracte, musiciens et acteurs changent d’espace vital, ces derniers descendant dans la fosse, qui figure les Enfers. On ne peut pas dire que le procédé ne fonctionne pas, mais l’ensemble est assez glaçant. D’autant que, le soir de la première, rien ne semblait aller de soi, ni sur la scène, ni dans la fosse. Marc Minkowski, qui dirigeait son Chœur et Orchestre des Musiciens du Louvre, avec lequel il a déjà brillamment enregistré l’œuvre, peinait à insuffler l’émotion et la noblesse indispensables pour maintenir l’intérêt avec une œuvre qui n’est pas la plus palpitante de Gluck. Les chanteurs ne semblaient pas habités par leur rôle, comme il le faudrait pour donner à ces créatures mythiques le souffle permettant de toucher le public d’aujourd’hui. Le chœur faisait alterner des comportements facétieux et une agitation vraiment inutile, si ce n’est pour animer artificiellement une action assez statique.
Avec la lourde tâche de remplacer Roberto Alagna, qui s’était désisté du projet, le ténor Yann Beuron s’est relativement bien tiré d’un rôle dont il n’a ni les moyens, ni l’allure, ni la noblesse. On ne peut que rendre hommage à son élocution toujours parfaite. Sophie Koch, qui n’a pas non plus les moyens requis, a donné tout au long de la soirée une impression d’insécurité vocale, surtout dans le registre grave, et affiché sans nuance un air perpétuellement douloureux. Jean-François Lapointe, quoiqu’habillé en curé (Thanatos l’est en médecin et Hercule en illusionniste), était plutôt à l’aise dans le rôle du Grand Prêtre d’Apollon. Le reste de la distribution était de bon niveau. Il est probable que la froideur et la distance qui régnaient au soir de la première s’estomperont pour donner un peu plus de vie à ce spectacle, dont la prétention plus théâtrale que lyrique laisse un goût d’insatisfaction.
Opéra de Paris-Palais Garnier (tél. 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr), jusqu’au 7 octobre. Diffusion sur France Musique le 28 septembre.
« Aïda », du 10 octobre au 16 novembre, diffusé en direct dans les salles de cinéma UGC le 14 novembre.
Olivier Py mettra aussi en scène « Dialogues des Carmélites », de Poulenc, au Théâtre des Champs-Élysées (tél. 01.49.52.50.50www.theatredeschampselysees.fr), du 10 au 21 décembre.
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