Vacances en France

Annonay, verte campagne et inventeurs

Par
Publié le 10/08/2020

Dans le Haut-Vivarais, en Ardèche, Annonay honore les héros de son histoire industrielle. Plantée dans un paysage champêtre, la petite ville associe le souvenir des pionniers de la montgolfière, de la papeterie et des autocars aux plaisirs d’un terroir conçu pour les marcheurs et les cyclistes.

Le musée du car

Le musée du car
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Et pourquoi pas, pour commencer la visite, une balade en montgolfière ? S’il est un coin de France où elle se justifie, c’est bien ici. Parce que les paysages agricoles du Haut-Vivarais sont esthétiques. Et parce que c’est précisément à Annonay que l’aérostat a été inventé, par les frères Montgolfier. À la fin du XVIIIe siècle, ces fils de papetiers créent le premier ballon dirigeable, après moult essais. En juin 1783, ils présentent leur invention place des Cordeliers, devant des centaines de personnes médusées. Le ballon se pose 3 km plus loin, après 9 minutes de vol.

S’il est intéressant de suivre le parcours aménagé en ville sur la trace des deux frères, il est plus passionnant de grimper dans une nacelle. L’expérience débute en général tôt le matin au parc de Déomas, sur les hauteurs d’Annonay. Deux prestataires, dont Montgolfières & Cie, proposent des vols de découverte, de mars à octobre. Brûleurs en action, les enveloppes se gonflent d’air chaud. Quand la nacelle en osier se redresse, il faut grimper et alors… tout change. Le glissement léger dans l’air frais. Le voyage feutré…

À peine a-t-on décollé, voici la rivière Deûme, entourée de sa canopée. La campagne à chaume du Haut-Vivarais apparaît. Le ballon plonge dans la secrète vallée de la Cance, ancienne rivière de tanneurs. Voici La Roche Péréandre, étrange monolithe calcaire. Un petit pont survolé rappelle le souvenir d’un autre inventeur local : Marc Seguin, petit-neveu des frères Montgolfier, a mis au point au XIXe le pont suspendu à câbles. Dans la commune voisine de Varagnes, sa propriété se visite.

Parcheminerie et papeterie

Revenu sur terre – en général dans un champ de céréales déjà cultivé –, il est temps d’aller fureter dans ce territoire aperçu d’en haut. Dès le Moyen Âge, l’énergie de l’eau a permis l’éclosion de la tannerie à Annonay. Il reste dans cette cité enchevêtrée et pentue quelques bâtiments surmontés d’anciens séchoirs à peaux, une parcheminerie historique et une poignée de PME, dont la Tannerie d’Annonay, propriété d’Hermès.

La parcheminerie se visite et il ne faut pas s’en priver. C’est l’une des trois dernières en activité en France. Les établissements Dumas entretiennent cet artisanat qui consiste, par 25 opérations successives, à passer d’une peau brute à une peau dite « en tripe séchée », vendue aux artistes de la décoration et de l’enluminure. Un savoir-faire inédit pour cet atelier classé Entreprise du Patrimoine Vivant.

L’eau a aussi favorisé l’essor de la papeterie. Où l’on retrouve les Montgolfier ! À la fin du XVIIe, la papeterie est fondée à Davézieux, près d’Annonay, sur les rives de la Deûme. La famille brille dans cette activité. Elle invente le bélier hydraulique et perfectionne le papier vélin. Les progrès réalisés lui vaudront d’être anoblie par Louis XVI et à l’atelier de devenir Manufacture Royale, en 1784. La suite sera plus chaotique et la fabrique entrera, au tournant du XIXe, dans l’escarcelle de Canson, qui produit toujours à Annonay les papiers beaux-arts de la marque. Le musée des Papeteries Canson et Montgolfier, dans l’ancienne usine-propriété de Davézieux (là même où sont nés les deux inventeurs de la montgolfière), témoigne de cette aventure.

Pour finir dans le registre industriel, une escapade à Vanosc s’impose. À 11 km d’Annonay, ce village a vu grandir Joseph Besset, inventeur du premier autocar européen à structure autoportante, en 1938. De fil en aiguille, son atelier rural deviendra usine à Annonay. C’est aujourd’hui celle des cars Iveco, principal employeur de la ville. À Vanosc, le musée du Charronnage au car plaira aux nostalgiques de la France rurale des années 1950. Il présente de beaux modèles d’autocars Floirat, Chausson, Saviem…, ceux qui ont sillonné les routes de campagne après-guerre.

500 km de sentiers balisés

Avec ses collines et ses sommets, le territoire d’Annonay se prête aussi aux activités en extérieur. Plus de 500 km de sentiers sont balisés, pour des balades de tous niveaux. L’itinéraire du mont Miandon est un classique : 2 h 30 de randonnée pour profiter d’un large panorama sur Annonay et son bassin. Les fans de vélo ne sont pas en reste. Sur route ou chemin, les itinéraires abondent, à l’image de la Via Fluvia, une ancienne voie de chemin de fer reconvertie en piste cyclable. Une virée en pays d’Annonay est décidément une bonne idée quand on aime la nature autant que le passé industriel.

Philippe Bourget
En complément

Source : Le Quotidien du médecin