Quand les musées rouvriront

Au Louvre, la Renaissance en sculptures et gravures

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Publié le 10/11/2020
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À voir au Louvre, quand les musées pourront rouvrir, deux expositions qui mettent à l'honneur la Renaissance : les sculptures italiennes de Donatello à Michel‐Ange et les gravures du maître allemand Albrecht Altdorfer.
Michel-Ange, « l'Esclave rebelle »

Michel-Ange, « l'Esclave rebelle »
Crédit photo : RMN/RAPHEL CHIPAULT

* « Le Corps et l’Âme - De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »

En Italie, les années 1450-1520 sont celles de l’apogée de la Renaissance, qui a débuté autour de 1400 à Florence. Les dernières œuvres expressionnistes de Donatello (1386-1466) vont révolutionner le stil dolce, qui associait grâce et réalisme issus des modèles antiques. Les corps et les sentiments sont désormais au centre des recherches des plus grands maîtres, sous l’impulsion de Laurent de Medicis, dit le Magnifique, avec Bertoldo, le gardien de ses antiques, Antonio Pollailo (« Hercule et Antée »), Andrea del Verrochio, le maître de Leonard de Vinci.

Ce réalisme expressif s’adapte aux traditions locales et c’est la grande richesse de cette exposition, qui regroupe 140 œuvres. À̀ Milan avec les chantiers de la cathédrale et la Chartreuse de Pavie et Solari et Bambaïa, à Venise avec les frères Lombardo, à Bologne avec Guido Mazzoni, dont « la Déposition du Christ » déborde de réalisme, à Sienne avec Francesco di Giorgio Martini, à Padoue avec Riccio.

De la grâce et la fureur, on passe pour les œuvres religieuses à une théâtralité des expressions. Pour finalement aboutir dans les œuvres profanes à l'apparition d'un nouveau style harmonieux. Un nouveau classicisme s’installe à Rome, qui détrône Florence quand arrive Michel-Ange, appelé par le pape Jules II, qui lui commande son tombeau, et où il retrouve Bramante et Raphael. Ses deux « Esclaves » du Louvre (1513/1515) témoignent de l’évolution de la sculpture. « L'Esclave mourant », comme endormi, avec ses formes harmonieuses, est l'aboutissement du classicisme antiquisant, alors que « l'Esclave rebelle », athlétique, tournoyant dans un mouvement dynamique, annonce la « ligne serpentine », qui aboutira au maniérisme.

* « Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande »

À Ratisbonne, Albrecht Altdorfer (vers 1480-1538), peintre, dessinateur et graveur, est, avec Albrecht Dürer, Lucas Cranach ou Hans Baldung Grien, un des grands maîtres de la Renaissance allemande. Il vit dans un environnement humaniste, est au courant des innovations italiennes et connaît en particulier les estampes du peintre Mantegna (1431-1506), marqué par l’Antiquité. Mais il se démarque de ses contemporains.

L’exposition, organisée avec l’Albertina à Vienne, présente essentiellement ses gravures. Il réalise pour l’empereur Maximilien de Habsbourg les séries du « Cortège triomphal » et de « l’Arc de triomphe ». Le rendu harmonieux de la figure humaine ne l’intéresse pas, il recherche l’expression plus que le réalisme. Dans ses bois gravés, les éclairages sont contrastés, et, comme dans « l’Adoration des Mages » ou les « Descente de croix », les personnages de premier plan sont de dos avec une stature importante, pour impliquer le spectateur et dynamiser la composition.

Ses dessins en clair-obscur, encre ou gouache, sur des fonds colorés avec des rehauts de blanc, ont un accent dramatique. Il est aussi un pionnier des paysages et des architectures autonomes. Après 1520, Altdorfer occupe des fonctions officielles et se consacre davantage à la peinture, avec une commande pour le Palais épiscopal de Ratisbonne. « La Bataille d’Alexandre », commandée par le duc de Bavière, est considérée comme son chef-d’œuvre.

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin