Au Centre Pompidou

Bacon et sa famille spirituelle

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Publié le 19/09/2019

Au Centre Pompidou, les 20 dernières années de Francis Bacon, une des grandes expositions de la rentrée. Au musée Maillol, les artistes « naïfs » depuis le Douanier Rousseau.

« Oedipus and the Sphinx after Ingres », 1983

« Oedipus and the Sphinx after Ingres », 1983
Crédit photo : ADAGP/ARTIMAGE

Au Centre Pompidou (1), jusqu'au 20 janvier, « Bacon en toutes lettres ». Le peintre britannique (1909-1992) est abordé après l'exposition de 1971 au Grand Palais, qui l’a consacré sur la scène internationale. Un nouveau style plus précis, avec de grands aplats de couleur, et une vision différente de la vie après le suicide de son amant Georges Dyer trois jours avant l’inauguration. Les artistes qui l’ont marqué sont Cimabue, Rembrandt et Velázquez. Il vit entouré de livres, qui lui « ouvrent des valves de sensations » et pour lui « la peinture est un concentré intense et abrégé de la vie ».

L'exposition propose un parcours autour de six textes dont les auteurs font partie de la famille « spirituelle » de Bacon, dans laquelle l'« athéologie » rejette toutes les valeurs qui peuvent éclairer la forme et le sens d’une œuvre. Il y a « l’Orestie » d’Eschyle pour la tragédie grecque ; la vision dionysiaque de Nietzsche, un « arrière-monde » qu’il oppose à la figure d’Apollon ; « l’Enterrement des morts » de T.S. Eliot, dialectique entre la vie et la mort, passage ou continuité ; le « Miroir de la tauromachie » de Michel Leiris, où il retrouve avec le matador la pratique de l’artiste ; « Au cœur des ténèbres » de Joseph Conrad pour l’horreur et la barbarie ; et avec Georges Bataille, la définition du mot « Abattoir », vestige du sacré des civilisations anciennes.

Les textes sont lus dans par des comédiens dans des espaces réservés et aucun ne vient parasiter le regard des visiteurs. Une volonté du commissaire Didier Ottinger, qui ne veut pas donner aux tableaux un sens figé, afin de laisser le visiteur dans un environnement flottant, poétique et incernable. Cependant, associés aux textes, ses commentaires, à écouter sur les podcasts du Centre Pompidou, sont bien utiles pour une meilleure appréhension de l’œuvre.

Les naïfs au musée Maillol

Au musée Maillol (2), jusqu’au 19 janvier, « Du Douanier Rousseau à Séraphine », soit les Naïfs, les successeurs du Douanier Rousseau, autodidactes, et ni avant-gardistes ni académiques. Ce sont les « primitifs modernes », selon l'expression de leur premier collectionneur, Wilhelm Uhde (1874-1947). La femme de ce dernier donnera sa collection à Dina Vierny, muse de Matisse et Maillol, qui en avait exposé certains dans sa galerie avant d’ouvrir en 1995 le musée Maillol.

Une centaine d'œuvres de ces artistes souvent isolés et solitaires, parfois encouragés par de grands créateurs comme André Breton, Picasso, Kandinsky, Le Corbusier, ouvrent sur leur univers, où l’on retrouve souvent « une inquiétante étrangeté ». Flore fantasmatique de Séraphine Louis, nature morte d’André Bauchant, sensualité des corps de Camille Bombois, marines de Dominique Peyronnet, chasse de Louis Vivin, villes de René Rimbert, paysages de Jean Ève et Ferdinand Desnos.

Rappelons que ce week-end ont lieu les Journées européennes du patrimoine (3), avec pour thème « Arts et Divertissement ». Patrimoine des spectacles (salles, décors, costumes), mais aussi des jeux, des jouets et des sports...

 

 

(1) www.centrepompidou.fr

(2) www.museemaillol.com

(3) www.journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin