À l'Opéra Garnier, reprise de « Joyaux » (1), le triptyque chorégraphique de George Balanchine, qui fête ses 50 ans, et adieux à la scène de la danseuse étoile Lætitia Pujol, atteinte par la limite d’âge (42 ans). Soirée nostalgique que ce rituel bien rodé, en cette saison qui verra aussi, parmi les 19 étoiles, les départs d’Eleonora Abbagnato et d’Hervé Moreau.
Nommée en 2002 pour son interprétation de Kitri dans « Don Quichotte », Lætitia Pujol a marqué nombre de créations, dont « la Petite Danseuse de Degas », de Patrice Bart, et « Wuthering Heights », de Kader Belarbi. Pour ses adieux, elle a désiré retrouver un de ses partenaires privilégiés, le danseur étoile retraité Manuel Legris, actuel directeur du Ballet de Vienne. Émouvantes retrouvailles dans le court mais dense duo final de l’acte II de « Sylvia », de John Neumeier. Son autre désir était de danser une dernière fois « Émeraudes », de Balanchine, avec le danseur étoile Mathieu Ganio, et elle s’y est distinguée dans le premier Pas de deux, puis seule, avec de beaux ports de bras et tous les artifices de cette danse maniérée à l’extrême, dans la « Sicilienne ».
Dans « Rubis », sur le « Capriccio » de Stravinsky, c’est Léonore Baulac, Paul Marque et Alice Renavand qui ont épaté avec une énergie et un esprit tout américains. La difficulté de « Joyaux » réside davantage dans les atmosphères que dans la virtuosité, excepté pour « Diamants », qui évoque, sur des extraits de la « 3e Symphonie » de Tchaïkovski, l’âge d’or des ballets pétersbourgeois. Amandine Albisson et surtout Hugo Marchand, danseur étoile athlétique et virtuose, n’ont fait qu’une bouchée des difficultés dont Balanchine a truffé le final. L’ensemble des danseurs y a été somptueux d’entrain et de précision.
Sous une pluie d’étoiles dorées tombant des cintres, Lætitia Pujol a tiré mille révérences tandis qu’un à un venaient la féliciter, famille, proches, collègues, et tout le personnel artistique de la maison. Au-delà du talent, on mesurait l’aura personnelle de la danseuse étoile. Le public a applaudi debout pendant une vingtaine de minutes.
Une veuve sans charme
Pour la quatrième reprise de la production de « la Veuve joyeuse » de Franz Lehár (2) dans la réalisation de Jorge Lavelli en 1997, le choix la salle bastillane et une nouvelle distribution plombent ce chef-d’œuvre de l’opérette viennoise. Lavelli avait signé une réussite fortement chahutée, car sentant le soufre. Le charme musical profond de l’œuvre était préservé, grâce à un couple d’interprètes inoubliables, un plateau formidable et un chef de génie, le Suisse Armin Jordan. La scène et le cadre or et rouge du Palais Garnier, ses proportions, son histoire même, ajoutaient au décalage du travail du metteur en scène argentin, qui y avait déjà créé quelques productions mémorables.
On avait déjà pu constater en 1998 que le passage à l’immense salle bastillane édulcorait ce beau travail. La scène oblige les personnages à courir en tous sens et à surjouer la partie de vaudeville (la sonorisation des dialogues parlés ajoute à cette impression) et surtout dilue les voix des interprètes principaux. Véronique Gens a l’élégance d’une voix formée à Mozart mais il lui manque la chaleur et même le volume vocal adéquats et surtout le charme un peu déluré et Mitteleuropa du personnage. Thomas Hampson a perdu de sa superbe vocale et s’il se dépense pour animer son personnage, lui manquent la distinction, ce mélange de morgue et de dandysme, pour chanter Danilo. Le chef tchèque Jakub Hrusa et sa direction très militaire ont achevé de faire de cette reprise une déception.
Shakespeare et Purcell
Peut-on qualifier « Miranda », à l'affiche de l'Opéra Comique (3) de recréation ou de néo-purcellisme ? Pour ce « semi-opéra » d’après Shakespeare et Purcell, conçu par le chef Raphaël Pichon, Kate Mitchell et Cordelia Lynn sur des partitions méconnues et souvent magnifiques d’Henry Purcell, ils ont inventé une manière de prolongement de « La Tempête » de Shakespeare avec les mêmes personnages. Une intrigue assez macabre, l’action ayant lieu lors de funérailles dans une église anglicane avec une famille un peu dérangée et des péripéties dignes d’une série télévisée. On attend avec plus d’impatience de Raphaël Pichon le cycle de Cantates de Bach qu’il doit donner en sept concerts à la Cité de la Musique (4).
(1) Jusqu'au 12 octobre. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
(2) Jusqu'au 21 octobre. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
(3) Jusqu'au 5 octobre. Tél. 0825.01.01.23, www.operacomique.com
(4) Premier concert le 11 octobre. Tél. 01.44.84.44.84, www.philharmoniedeparis.fr
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série