Le Milanais Riccardo Chailly aura été chef de deux des meilleurs orchestres européens. Après le Concertgebouw d’Amsterdam, il a dirigé de 2005 à 2016 la plus ancienne formation allemande, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (et son opéra), lointain successeur de Félix Mendelssohn-Bartholdy. C’est précisément à ce compositeur qu’il dédiait son concert inaugural, premier DVD du coffret « Riccardo Chailly in Leipzig », qui en comprend 4 (EuroArts). Autre compositeur thuringien, Robert Schumann, et un concert légendaire avec Martha Argerich : en 2006, elle avait déjà beaucoup enregistré le « Concerto en la mineur », mais, avec ce chef et cet orchestre exceptionnels, elle signait la meilleure version de sa vidéographie, d’une maîtrise totale et d’une tendresse infinie.
Les deux autres DVD du coffret sont consacrés à la musique italienne. La « Petite messe solennelle », de Rossini, pour le 140e anniversaire de la mort du compositeur, avec d’excellents solistes, Stefano Secco et Mirco Palazzi, mais le grand effectif orchestral convient peu à cette œuvre composée pour un ensemble intimiste. Et un opéra, « Un Bal masqué » de Verdi, défendu par une solide distribution italienne, dirigé avec feu par le maestro italien, mais disqualifié par une coproduction avec Zürich sans impact dramatique et aux costumes ridicules.
Autre grand maestro italien, Riccardo Muti ouvrait la saison 2004 de la Scala de Milan avec « Europa Riconosciuta » d’Antonio Salieri (1750-1825). Luca Ronconi et Pierluigi Pizzi signaient une production très banale et que n’arrange pas le ballet insipide pourtant signé Heinz Spörli et dansé par deux grandes étoiles de la Scala, Alessandra Ferri et Roberto Bolle. L’œuvre a de très bons moments mais jamais l’écriture de Salieri ne se situe au niveau de son rival Mozart. La distribution est exceptionnelle, avec de grandes voix lyriques, Diana Damrau, Desiree Rancatore, Genia Kühmeier, Daniella Barcellona. Mais on ne peut s’empêcher de penser que cette œuvre, créée en 1778 à Milan, serait mieux défendue par un ensemble baroque et des contre-ténors (1 DVD Erato).
La version originale
« Boris Godounov », de Modeste Moussorgski, le tsar des opéras russes, a un pedigree compliqué : composé en 1869 d'après une pièce de Pouchkine, l'opéra fut révisé en 1872 par son auteur, version définitive réorchestrée par Rimski-Korsakov en 1896, puis Chostakovitch en 1940. Par bonheur, la tendance est de revenir aux versions originales de Moussorgski en oubliant tous les tripatouillages du passé.
L’œuvre a longtemps été prisonnière de la tradition du Bolchoï, dont une version filmée reste la référence. La production de Baratov, qui a fait le tour du monde, incarne le réalisme le plus poussiéreux, le règne du carton-pâte, de la toile peinte et de Yevgeni Nesterenko et, pour Pimène, Valery Jaroslastev, propose son et image acceptables et, surtout, dans ce qui reste de l'acte polonais amputé des deux tiers, l'immense Irina Archipova. Cette grande gloire du Bolchoï et du chant soviétique donne à Marina un relief saisissant et le DVD du Bolchoï est l'un des rares témoignages visuels de cette grande artiste (2 DVD Via Classic).
Depuis la formidable mise en scène d´Hubert Wernicke sous la direction de Claudio Abbado à Salzbourg en 1998 (hélas jamais édité en dehors des circuits officieux), on tend à montrer Boris sous un angle plus politisé, recherchant les similitudes avec la Russie contemporaine, comme on vient de le voir à l’Opéra de Paris dans la production d’Ivo van Hove (« le Quotidien » du 18 juin).
C’était aussi le cas de la formidable mise en scène réalisée en 2013 par Calixto Bieito au Bayerische Staatsoper de Munich. Elle est magnifiquement défendue par un jeune et superbe Boris, la basse ukrainienne Alexander Tsymbalyuk, entouré d’une solide distribution germano-russe. Kent Nagano dirige avec une précision féline le magnifique orchestre munichois et la réalisation, utilisant la toute première version de 1869, exploite tous les rouages politiques de ce fascinant opéra (1 DVD et 1 BRD Bel Air Média).
Signalons aux amateurs de danse que le même éditeur propose pour la première fois sur Blu-ray disc « le Tournant de la vie » (The Turning point), un film d’Herbert Ross qui, en 1977, brossait un portrait un peu cruel du milieu de la danse, avec deux formidables actrices, Shirley MacLaine et Anne Bancroft, l’American Ballet Theater et le tout jeune Mikhaïl Baryshnikov (1 DVD et 1 BRD Bel Air Classiques).
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