Au musée Maillol

Chefs-d'oeuvre de la collection Rosenberg

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Publié le 09/03/2017
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Art-Rosenberg

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Crédit photo : SUCCESSION PICASSO/RMN/T. LE MAGE

Après avoir hérité avec son frère de la galerie de leur père, Paul ouvre à Paris sa propre galerie en 1913. Après Marie Laurencin, sa première artiste (qui fera le portrait de la petite Anne), il rencontre en 1918 Picasso, qui délaisse le cubisme pour une période de retour à l’ordre. Puis viendront Braque, Léger, Matisse. Il les expose avec le fond de la galerie paternelle, Monet, Seurat, Renoir, les peintres de Barbizon, pour ne pas effrayer ses clients par tant de modernité. Le succès est au rendez-vous, avec de nombreuses expositions et des catalogues largement diffusés, un réseau très construit de collectionneur européens et américains et l’ouverture de galeries à Londres en 1934 et à New York en 1940.

Quand les Allemands arrivent à Paris, Rosenberg quitte la capitale pour Bordeaux, puis part aux États-Unis. La galerie est réquisitionnée et devient l’Institut d’études des questions juives, les tableaux sont saisis ainsi que ceux emportés à Libourne. Très affecté par la déchéance de nationalité qui le touche en 1942, il reviendra en France pour récupérer ses tableaux mais s’installera définitivement à New York, où il complétera son équipe avec Jean Hélion, Nicolas de Stael et Maillol. Hasard de l'histoire, son fils Alexandre, engagé dans les Forces françaises libres, arrête à Aulnay-sous-Bois en 1944 un convoi à destination de l’Allemagne, dans lequel il découvre des tableaux confisqués à son père.

Soixante œuvres, dont des chefs-d’œuvre en provenance des plus grands musées et collections privées, retracent cette exceptionnelle aventure. L’exposition fait aussi une place à la politique de l’Allemagne nazie au cours de ces années, avec l’art allemand opposé à « l'art dégénéré », avec l'exposition de Munich en 1937 et la vente de Lucerne en 1939. Elle rappelle le rôle de Rose Valland, qui, au Jeu de Paume, en identifiant les œuvres parmi les 22 000 objets d’art saisis, permettra en partie leur retour aux 200 collectionneurs spoliés.

Jusqu'au 23 juillet. Tél. 01.42.22.57.25, www.museemaillol.com

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9562