Au Centre Pompidou-Metz, « L'Œil extatique. Sergueï Eisenstein, cinéaste à la croisée des arts » (1). Homme de théâtre à ses débuts, Eisenstein (1898-1948) se nourrit pour ses films de l’histoire de l’art mondiale et des cultures populaires. Ses sujets ont toujours une relation avec l’histoire russe contemporaine et il crée un nouveau langage visuel marqué par l’esthétique constructiviste. Un art du montage et du rythme, une « collision » qui assure le passage du fixe au mouvement pour l’image.
En 1925, « le Cuirassé Potemkine », sur la révolte des marins d’Odessa en 1905, est un succès mondial et Eisenstein va voyager en Europe, aux États-Unis, au Mexique, où il rencontre l’avant-garde internationale. Si dans « Potemkine » on retrouve des références à Michel Ange, Poussin, Vallotton, pour « la Grève », qui le précédait, ce sont les caricaturistes Callot et Le Brun qui assurent le typage des personnages. « Glass House » (projet inachevé) est inspiré des architectes Mies van der Rohe et Frank Llloyd Wright. « Octobre » (1927), commandé pour l’anniversaire de la Révolution d’Octobre, reprend l’imagerie révolutionnaire française. « La Ligne générale » dénonce l’industrialisation des campagnes avec des références à Goya et à l’architecture rationaliste de Le Corbusier. Avec « Que Viva Mexico ! », c'est le syncrétisme culturel du pays, celui des muralistes Orozco, Diego Rivera et Siqueiro. En 1938, « Alexandre Nevski » relate la résistance des Russes aux Teutons au XIIIe siècle, un film de commande à l'heure de l’Anschluss pour lequel il regarde les dessins de bataille de Léonard de Vinci. Avec « Ivan le Terrible » en 1945, il exalte le patriotisme russe de la deuxième guerre mondiale et a recours à la violence de l’expressionnisme allemand et aux dessins animés de Disney.
L'homme-machine
À Nantes, au musée des Beaux-Arts, « Charlie Chaplin dans l'œil des avant-gardes » (2). Charlot naît en 1914. Fernand Léger en fait un « Charlot cubiste » au « Ballet mécanique », mimant le mouvement de la machine. L'homme-machine fascine aussi Kupka et Picabia, avec la question de savoir si la machine est libératrice ou aliénante pour l’homme.
Les surréalistes se reconnaissent dans la poésie du personnage et son utilisation d’objets à contre-emploi – la danse des petits pains dans « la Ruée vers l’or », un plumeau mis en cage, un chien glissé dans son pantalon qui fait de lui un être hybride dans « Une vie de chien ». Cette « inquiétante étrangeté » (selon l'expression de Freud) se retrouve chez Magritte et Meret Oppenheim. Le Charlot saltimbanque est dans les cirques de Calder et Picasso. Le Charlot miséreux est proche des photographes Lewis Hine et Walker Evans. Il partage les mêmes préoccupations que ses contemporains, la misère, l’industrialisation, les loisirs, la politique dans « le Dictateur » (1940) et les aborde par la dérision. Le Louvre Abu Dhabi présentera en 2020 une version de cette exposition.
L'invention
Au Palais Lumière à Évian, « Lumière ! Le cinéma inventé » (3). Louis Lumière a 17 ans lorsqu’il met au point une plaque photographique « sèche », première étape du Cinématographe. Après des recherches sur la chronophotographie, avec l’intégration des inventions de Thomas Edison permettant d’enregistrer et de visionner les images, Louis s’inspire du mécanisme d’une machine à coudre pour les animer. Les frères déposent le brevet en 1895. Une histoire qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec le développement du numérique.
(1) Jusqu'au 24 février, centrepompidou-metz.fr
(2) Jusqu'au 3 février, museedartsdenantes.fr
(3) Jusqu'au 6 septembre, palaislumiere.fr
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