Un choix de romans policiers

Crimes et délits sans souci

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Publié le 26/02/2021
Tandis que la crise sanitaire multiplie les difficultés et les drames dans la vraie vie, la littérature de suspense provoque poussées de fièvre et sueurs froides bienvenues, avec des médecins en vedette !

* Dans « Autopsie pastorale », de Frasse Mikardsson (docteur en éthique médicale franco-suédois qui exerce en médecine légale en France), ce sont les légistes qui mènent l’enquête, après la mort, apparemment naturelle, d’une pasteure à la retraite dans une petite ville suédoise. Beaucoup de personnages atypiques et de considérations scientifiques, et un humour teinté d’ironie et de poésie (Aube, 336 p., 19,80 €).

* « Intouchable », d'Éric Poupet (série des « Enquêtes de Victor Dauterive »), a pour thème la vengeance d’une mère, dix ans après que sa fille a été tuée. Elle est persuadée que son petit ami d’alors, un médecin, est coupable, mais la justice ne la croit pas. Est-il un homme respectable ou un serial killer qui tue en toute impunité ? Ou bien a-t-elle perdu la raison (City, 248 p., 18,50 €).

* Dans « l’Affaire Magritte », du Belge Toni Coppers (primé pour ses romans autour du commissaire Liese Meerhout), un médecin figure, à côté d’une galeriste, d’une femme de ménage et d’un directeur d’école, parmi les corps sans vie accompagnés d’un message : « Ceci n’est pas un suicide ». Un flic aussi dépressif qu'alcoolique est chargé de rassembler les pièces d’un puzzle, de Bruxelles à Paris, avec en toile de fond l'œuvre du peintre surréaliste (Diagonale, 352 p., 22 €).

* Avec Arnaud Delalande et « Memory », on plonge dans le huis-clos d’une clinique spécialisée perdue dans la montagne, isolée par une tempête de neige. Un homme est retrouvé pendu. Suicide ou meurtre ? Huit résidents ont été témoins de la scène mais tous souffrent d’amnésie… tandis qu’une jeune inspectrice doit affronter ses propres souvenirs (Cherche Midi, 310 p., 18 €).

* Après nous avoir baladés dans l’Utah (« le Cherokee », plusieurs fois primé), Richard Morgiève nous entraîne, avec « Cimetière d’étoiles », dans une chevauchée sanglante à travers le Texas, en 1962. Un Marine a été trouvé dans les montagnes d’El Paso, une balle dans la nuque. Un western très noir et très violent, mais où perle une improbable tendresse, en compagnie de deux flics tourmentés et qui marchent aux amphétamines, qui dégainent avec autant d’ardeur les coups que les passages de la Bible, les citations latines ou les génériques de films (Joëlle Losfeld, 468 p., 22 €).

Secrets de famille

* Une mère, deux de ses enfants et son compagnon ont été assassinés, alors que la fille aînée venait juste, semble-t-il, de sortir promener les chiens. Sous une intrigue simple, l’Américaine Lisa Gardner, auteure favorite des Français, démêle dans « Retrouve-moi » un enchevêtrement de fils qui ont pour noms secrets de famille, alcoolisme, victimisation, famille d’accueil, violences (Albin Michel, 468 p., 22,90 €).

* Autre thriller psychologique, « Qui le sait ? », de Lesley Kara (« la Rumeur »), est consacré à une femme qui a quitté Londres après la mort de son petit ami pour se réfugier chez sa mère, suivre les réunions aux Alcooliques Anonymes et se reconstruire. Mais elle se sent épiée, puis harcelée. Pour quelle(s) faute(s) ? (Les Escales, 378 p., 21,90 €).

* Pierre Pelot est publié à la Série Noire ! Et ce n’est pas parce qu’il écrit depuis plus de cinquante ans et qu’il a publié plus de 200 livres touchant à tous les genres (dont « l’Été en pente douce »), que « les Jardins d’Éden » est moins percutant. Il met en scène un survivant du cancer de retour dans sa ville et sa maison natales dans l'espoir de retrouver sa fille disparue depuis plusieurs mois ; il devra se confronter à la mort d’une autre jeune fille des années auparavant. Entre la quiétude des eaux thermales et la casse des Manouches (Gallimard, 250 p., 18 €).

* « Pour une heure oubliée »,de Frédéric Perrot, est le premier « premier roman » publié par la nouvelle maison d'édition Mialet-Barrault. Ce n’est pas le seul atout de ce récit virevoltant entre passé, présent et futur. Un homme s’est réveillé une femme morte à ses pieds et sans rien se rappeler. Condamné, il reprend à sa sortie de prison une vie ordinaire sans rien dire à la femme qu’il aime. Jusqu’à ce que son secret éclate au grand jour (Mialet-Barrault, 290 p., 19 €).

* Quand Olivier Merle (fils de Robert Merle) n’enseigne pas la géologie à l’université, il écrit. « Dans l’ombre du loup » est un polar à l’ancienne qui met en scène, à propos d’un corps découpé en morceaux et sans tête, un chef d’entreprise aussi arrogant que riche, intégré et respecté, et un flic muté à Rennes pour indiscipline, en pleine débâcle affective et bourré d’angoisses métaphysiques. Une mise en lumière de la face sombre de la bourgeoisie avec, dans l’imbroglio, un médecin tout ce qu’il y a de bien… ou presque (XO, 541 p., 21,90 €).

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin