Homme-orchestre, Jean-Christophe Rufin a mené une carrière médicale (de la neurologie à la psychiatrie…), une carrière humanitaire (Médecins Sans Frontières, Croix-Rouge, Action contre la Faim…), une carrière diplomatique (ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie…), une carrière littéraire (cinq essais et une quinzaine de romans d’aventures, historiques et politiques, dont « Rouge Brésil », prix Goncourt 2001, qui lui ont valu d’être élu à l’Académie française en 2008).
Avec « le Suspendu de Conakry » (1), il renoue avec la tradition des séries dans ce qu’il appelle « un roman avec un crime », avec un personnage haut en couleur : un Consul de France à l’accent roumain prononcé. Aurel Timescu est en poste « subalterne » en Guinée, où il transpire et végète en composant des opéras ; jusqu’à ce que le cadavre d’un plaisancier suspendu au mât de son yacht réveille le limier qui sommeille en lui. Le premier tome d’une trilogie, qui se lit comme un divertissement littéraire, avec pour thème la question de l’injustice et un antihéros bien campé, qui nous introduit dans les arcanes des secrets les mieux gardés de la vie internationale.
Guerres et violences
Après avoir dirigé le service de réanimation du CHU de Lille jusqu’en 2015, François Fourrier a voulu témoigner : les chroniques rassemblées dans « le Souffle, la Conscience et la Vie » montraient combien la médecine reste une science humaine. L’humanité est bien peu présente dans son deuxième livre, « la Délivrance d’Ella Soler » (2), dans lequel un jeune médecin en mission aux Caraïbes part sur les traces d’une femme mystérieuse. Son périple l’entraîne, du Hoggar aux rives du lac Léman, au cœur de drames, la guerre, les violences faites aux femmes et l’impossible résilience.
Médecin hypnothérapeute à Paris, Maurice Soustiel, né en 1950, dévoile une part de la vie de ses parents. Le récit se lit comme un thriller, où l’on voit son père Joseph Soustiel, un juif de Salonique qui émigre en France après l’éclatement de l’Empire ottoman en 1920, et sa mère, fille illégitime de Raymond Poincaré (!), installer un magasin d’antiquités au « 146 boulevard Haussmann » (3). Au 5e étage du même immeuble habite un certain Emanuele Brunatto, commerçant prospère, proche du Padre Pio, qui sera canonisé sous le nom de Saint Pio de Pietrelcina. Sous la menace des lois de Vichy, Joseph Soustiel se voit imposer un « administrateur aryen », première étape d’un processus de spoliation puis d’anéantissement. Quelques jours plus tard, l’Italien du 5e étage pousse la porte du magasin d’antiquités. La suite, illustrée de photos et de documents originaux, oscille entre l’horreur et l’espoir. Maurice Soustiel est allé au bout de son devoir de mémoire.
Mieux se comprendre
Sous-titré « Un chemin initiatique pour retrouver l’essentiel », « S’aimer enfin » (4) est un récit initiatique. Christophe Fauré s’appuie sur son expérience personnelle pour nous donner des pistes pour vivre en harmonie. Il raconte comment, il y a quinze ans, alors qu’il était psychiatre mais proche du burn-out et en quête spirituelle, il a tout quitté pour devenir moine bouddhiste et pourquoi, deux ans plus tard, il est revenu à son métier de psychiatre, mais avec une autre vision sur sa vie et sur ce qu’il souhaitait en faire, se consacrer au bienfait des autres.
Médecin-psychiatre également, spécialisé en thérapie familiale, Gérard Salem a choisi la forme du roman épistolaire pour nous conduire, à travers un exemple imaginaire, à mieux comprendre notre propre famille. Dans « Tu deviens adulte le jour où tu pardonnes à tes parents » (5), tout commence avec Boris, qui depuis de longues années a rompu avec ses parents, puis s’est séparé de sa femme, de ses enfants, mais aussi de lui-même. Pour son psy, se reconnecter aux siens (par écrit, parce qu'une lettre écrite à la main, c'est déjà une main tendue) serait la seule chance de se reconnecter à la vie. Il entraîne ainsi chaque membre de sa famille dans l'aventure, pour exprimer sa colère, son chagrin, ses secrets et, pourquoi pas, son amour.
À l'hôpital
Les amateurs de polars connaissent le Docteur K., alias Olivier Kourilsky, médecin néphrologue, professeur honoraire au Collège de médecine des Hôpitaux de Paris et auteur entre autres ouvrages de « Meurtre pour de bonnes raisons », prix Littré 2010. Ses intrigues mettent souvent en scène des personnages imaginaires qui évoluent dans le monde hospitalier. Ainsi de « Marche ou greffe ! » (6). L'héroïne est la responsable d'une unité de greffe rénale à Paris. En plein désarroi familial et amoureux et lâchée par ses collègues qui ne comprennent pas ce qui se trame, elle est contrainte d'organiser une transplantation.
Dans « les Yeux couleur de pluie », Sophie Tal Men, neurologue à l’hôpital, racontait les tribulations d’une étudiante en médecine affectée de sa Savoie natale à Brest. Dans « Entre mes doigts coule le sable », elle montrait les difficultés de concilier médecine et vie privée quand on est interne. Dans « De battre la chamade » (7), elle poursuit sur le même ton enjoué son portrait du monde hospitalier et du quotidien mouvementé de ses apprentis médecins Marie-Lou et Matthieu.
(1) Flammarion, 309 p., 19,50 €
(2) Albin Michel, 262 p., 19 €
(3) MED Éditions, 191 p., 20 €
(4) Albin Michel, 196 p., 16 €
(5) Flammarion, 248 p., 18 € (le 2 mai)
(6) Glyphe, 268 p., 16 €
(7) Albin Michel, 292 p., 18 €
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