Des expositions au Havre et à Chantilly

De l'influence des découvertes

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Publié le 15/09/2020

De l’influence des découvertes sur les arts, avec « Nuits électriques » au MuMa du Havre  et « la Fabrique de l’Extravagance, Porcelaines de Meissen et de Chantilly » au Domaine de Chantilly. Sans oublier les Journées européennes du patrimoine, du 18 au 20 septembre.

Maxime Maufra, « Féerie nocturne - Exposition universelle 1900 »

Maxime Maufra, « Féerie nocturne - Exposition universelle 1900 »
Crédit photo : C. DEVLEESCHAUWER

Peindre la nuit ne pouvait se faire qu’avec l’apparition de l’éclairage public. Au Havre, avec « Nuits électriques », le MuMa (Musée d'art moderne André Malraux) explore pour la première fois la perception de l’éclairage artificiel urbain par les artistes, de la seconde moitié du XIXe siècle à la veille de la Première Guerre mondiale. Un parcours de 150 œuvres signées de 70 artistes (1).

Le gaz éclaire Paris dans les années 1830. Le photographe Charles Marville reçoit la commande d'une série sur les différents types de réverbères. Dans les années 1860 arrivent les arcs électriques et la nuit s’illumine pour les peintres comme pour les photographes.

Un moyen d’explorer le quotidien, les paysages et la modernité pour les nouveaux artistes impressionnistes. À Monet (« le Port du Havre, effet de nuit », 1872) succèdent Caillebotte, Pissarro. Mais ce sont les néo-impressionnistes, avec leurs touches juxtaposées de couleurs vives complémentaires, qui s’emparent vraiment de ce nouveau sujet.

L’enthousiasme parcourt l’Europe, jusqu’à la première guerre mondiale, avec Vallotton, Toulouse-Lautrec, Steinlen, Bonnard, van Dongen, sans compter Van Gogh et sa fameuse « Nuit étoilée ». ET aussi les Suédois Anders Zorn et Eugène Jansson, le Britannique Atkinson Grimshaw, l’Espagnol Darío de Regoyos.

Différents types d’éclairage cohabitent. Walter Benjamin décrit « un décor de rêve où le jaune tremblant du gaz se marie à̀ la frigidité lunaire de l’étincelle électrique ». De nouveaux sujets apparaissent dans les villes, avec les passages, boulevards, grands magasins, salles de spectacles, terrasses des cafés, puis avec les enseignes lumineuses. Les éclairages révèlent également une dimension sociale et politique des quartiers déshérités.

Il y a aussi la poésie et le mystère des vues de la Tamise de nuit que Whistler reconstitue de mémoire et les éblouissements de la fée électricité au cours des expositions internationales. Les futuristes, rayonnistes, orphistes voient dans les lumières artificielles l’incarnation de la modernité. Les disques éclatés de Sonia Delaunay (« Prismes électriques », 1914), reprenant toutes les couleurs du prisme, les font basculer dans l’abstraction.

Dans les années 1880, les pionniers de la photographie (Gabriel Loppé) et du cinéma (Georges Méliès) utilisent avec des prises de vues de jour des subterfuges techniques en teintant les négatifs.

Porcelaines

Au château de Chantilly, l'exposition « la Fabrique de l'extravagance » met à l'honneur les porcelaines princières de Meissen et de Chantilly, qui ont marqué les arts décoratifs du Siècle des Lumières (2).

Au début du XVIIIe, les porcelaines chinoises et japonaises sont importées à prix d’or par les compagnies hollandaises. Elles fascinent l’Europe par leur blancheur translucide et leurs motifs. Lorsque l’on découvre que leur mystère de fabrication repose sur la présence de kaolin, Auguste de Saxe, roi de Pologne, et Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, Premier ministre de Louis XV, créent les manufactures, respectivement à Meissen et à Chantilly. Les collections orientales dialoguent avec les productions locales, révélant leur virtuosité technique et la richesse de leur décor.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Jusqu'au 1er novembre, muma-lehavre.fr

(2) Jusqu'au 3 janvier, domainedechantilly.com

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin