« D'après une histoire vraie »
Une romancière en panne, après un livre à succès sur sa mère (« Rien ne s'oppose à la nuit »), rencontre une jeune femme qui semble la comprendre et parvient à se rendre indispensable, jusqu'à ce que sa présence et ses agissements supposés deviennent menaçants. Voilà l'une des façons de résumer « D'après une histoire vraie », adapté par Roman Polanski (avec Olivier Assayas pour le scénario) du livre de Delphine de Vigan, dont on mesure mal, c'est voulu, la part autobiographique.
L'affrontement de deux femmes, une nouveauté pour Polanski, l'angoisse de la page blanche, qu'en revanche il connaît bien, les thèmes familiers de la frontière floue entre la réalité et la fiction et des manipulations : ce sont quelques-unes des raisons qui ont motivé le cinéaste. Et l'ont inspiré pour réaliser ce thriller psychologique impressionnant.
Si la confrontation des deux femmes est bien psychologique, on ne s'encombre pas de lourdes explications psychanalytiques à chercher dans le passé. On est dans l'ici et maintenant. Le personnage de la romancière n'en est que plus touchant et celui de l'autre femme que plus inquiétant. Les deux actrices, Emmanuelle Seigner et Eva Green, sont parfaites dans les nuances et les retournements de leurs rôles respectifs.
On savoure la mise en abyme (la romancière héroïne du livre pas encore écrit) et le trouble qui n'est jamais tout à fait dissipé. Un trouble à retrouver dans nombre de films de la rétrospective Polanski programmée jusqu'au 3 décembre à la Cinémathèque (si les féministes qui contestent « l'impunité » dont bénéficierait le cinéaste accusé de viol il y a 40 ans n'en obtiennent pas l'annulation).
« Mise à mort du cerf sacré »
Cela commence par un coeur battant en gros plan au cours d'une opération. Le héros est un chirurgien à qui tout réussit, carrière et famille (il est marié à une ophtalmologiste et ils ont deux enfants). Et il a pris sous son aile le fils adolescent d'un patient décédé. Image trop belle car, on peut faire confiance au Grec Yorgos Lanthimos (« The Lobster »), tout va se dérégler. Le médecin est peut-être responsable de la mort de l'opéré. Et le fils ayant d'étranges pouvoirs, il va être victime d'un épouvantable chantage.
On ne sait pas trop comment prendre ce suspense sanglant dont les rebondissements relèvent du fantastique. S'il y a une morale, elle n'apparaît pas dans une grande clarté. Mais on se laisse mener jusqu'à un dénouement étonnant et filmé avec virtuosité, même si certains peuvent le juger ridicule. Colin Farrell et Nicole Kidman forment un couple presque crédible et le jeune Barry Keoghan est impeccable.
« La Lune de Jupiter »
« La Lune de Jupiter », du Hongrois Kornél Mundruczó (« White Dog »), s'il joue quant à lui franchement du fantastique, n'est pas un film de science-fiction. Car cette lune, c'est Europe, notre Europe, avec ces migrants qu'elle refuse, parque dans des camps, utilise dans des trafics, tue parfois. Le « héros », un médecin qui ne se remet pas d'avoir fait une erreur mortelle (il avait bu), n'a rien contre les aider, mais, en secourant un jeune Syrien touché par balles, il va se trouver au centre d'une extraordinaire aventure dont on se voudrait de dévoiler le ressort.
Les deux-tiers du film sont saisissants, dans le récit et dans la mise en scène. Puis cela se gâte. Mundruczó ne sait pas trop comment conclure sa parabole et étire sa fin avec des poursuites déjà vues un million de fois et des rebondissements inutiles.
Et aussi
« Carbone », d'Olivier Marchal, est un polar dans lequel Benoît Magimel incarne un petit patron qui, menacé de perdre son entreprise, invente une escroquerie (inspirée de la véritable fraude à la taxe carbone) l'entraînant dans la violence. Avec aussi, entre autres, Gérard Depardieu.
« Le Fidèle », de Michael R. Roskam, dont on n'a pas oublié l'impressionnant « Bullhead », réunit dans un polar Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos, lui braqueur de banques, elle pilote de course.
« Jeune Femme », de Léonor Serraille, qui a remporté à Cannes la Caméra d'or (meilleur premier film, toutes sections confondues), suit une trentenaire instable qui veut prendre un nouveau départ (Laetitia Dosch).
« Les Conquérantes », de Pietra Volpe évoque le combat des femmes d'un petit village suisse pour le droit de vote, en 1971.
Dans « The Secret Man », de Peter Landesman, Liam Neeson incarne Mark Felt, numéro 2 du FBI, alias Gorge Profonde, qui a fait éclater le scandale du Watergate.
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