Trois réalisatrices à l'affiche

Des drames et de la musique

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Publié le 26/11/2021

Les réalisatrices sont en haut de l'affiche. Pour parler de l'avortement, de la mort à affronter, mais aussi, avec une rare énergie, de la naissance du rap français.

« L'Événement »

« L'Événement »
Crédit photo : WILD BUNCH

Honneur donc aux réalisatrices. Romancière, journaliste, scénariste (notamment de « Bac Nord », avec Cédric Jimenez), Audrey Diwan a été couronnée au festival de Venise, à l'unanimité, pour sa deuxième réalisation, « l'Événement », adaptation du livre autobiographique d'Annie Ernaux sur son avortement clandestin, en 1963, à 21 ans. Le choix terrible d'une jeune fille, première de sa famille de milieu populaire à accéder aux études supérieures, entre avorter en risquant sa vie ou y renoncer en sacrifiant son avenir. Un film intimiste qui se veut « une expérience, un voyage dans la peau de cette jeune femme », incarnée par Anamaria Vartolomei. « Malheureusement quand vous travaillez sur l'avortement, vous êtes toujours dans l'actualité », avait souligné Audrey Diwan en recevant son prix.

Autre drame, « De son vivant », d'Emmanuelle Bercot, qui met en scène un homme condamné par un cancer apprivoisant sa mort (Benoît Magimel), sa mère (Catherine Deneuve) et un médecin au dévouement sans faille (le cancérologue Gabriel Sara, qui travaille aux États-Unis). Un hymne à la vie, dit la cinéaste, répondant à ceux qui regrettent qu'elle donne une image trop positive et peu réaliste des médecins et de l'hôpital.

Hymne à la vie, d'un tout autre genre, « Suprêmes », d'Audrey Estrougo, déborde d'énergie. Il en fallait, il est vrai, pour raconter la naissance de NTM, celle du rap français. Dans une mise en scène inventive, la cinéaste, qui a signé son premier film à 25 ans, en 2007 (« Regarde-moi »), restitue l'atmosphère de ces années-là (1989 et la suite) et, sans misérabilisme ni sociologie caricaturale des banlieues, la vie et les espoirs de jeunes gens parfaitement individualisés et incarnés (Sandor Funtek est Kool Shen et Théo Christine JoeyStarr). La musique fait le reste, mais nul besoin d'être fan de rap pour apprécier le film.

Mais la concurrence est rude, car est sortie aussi mercredi une grosse production, « House of Gucci », de Ridley Scott, l'histoire du clan et de l'assassinat de Maurizio Gucci commandité par son épouse Patrizia Reggiani, avec une distribution réunissant Adam Driver, Lady Gaga, Camille Cottin, Jared Leto, Jeremy Irons, Al Pacino.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin