« Trois visages », « Champions »

Des films qui font du bien

Par
Publié le 07/06/2018
Cinéma-3 Visages

Cinéma-3 Visages
Crédit photo : MEMENTO FILMS

Cinéma-Champions

Cinéma-Champions
Crédit photo : S. LOPEZ SPERANZA

Jafar Panahi continue à faire du cinéma malgré l'interdiction censée l'en empêcher après sa condamnation pour « propagande contre le régime » et la menace qui pèse sur sa liberté conditionnelle. Et continue à ausculter la société iranienne. Après son taxi à Téhéran, il nous emmène, avec « Trois visages », dans une région reculée en compagnie d'une actrice célèbre (Behnaz Jafari dans son propre rôle).

Cette dernière a reçu l'appel à l'aide d'une jeune fille que sa famille empêche de devenir comédienne et qui a envoyé une vidéo où on la voit en train de se pendre. Le duo mène l'enquête dans un village turcophone où les traditions ancestrales règnent encore – pesant lourdement sur le sort des femmes –, ce qui n'empêche pas de regarder des séries à la télévision.

À travers l'évocation de trois actrices (la dernière est une ancienne vedette aujourd'hui recluse), soit trois générations de femmes, et quelques péripéties plus ou moins cocasses, Jafar Panahi adresse un message cinématographique ironique et chaleureux qui a reçu à Cannes le prix du scénario (partagé avec Alice Rohrwacher pour « Heureux comme Lazzaro).

Les vertus du ballon

Un entraîneur de basket de haut niveau (Javier Gutiérrez, vu en France dans « La Isla Minima »), arrêté pour conduite en état d'ivresse, est condamné à des travaux d'intérêt général, à savoir coacher une équipe de déficients intellectuels. Comme le film de Javier Fesser s'appelle « Champions » et qu'il s'agit d'un feel good movie, on se doute que le scénario ne réserve pas d'immenses surprises, encore que. Cela n'empêche pas de suivre avec bonheur l'évolution des relations de l'égocentrique entraîneur et de ses ouailles pleines de bonne volonté, à défaut de technique sportive.

Et aussi

Vittorio Taviani, inséparable au cinéma de son frère Paolo, est décédé en avril à 88 ans. Il avait co-écrit le scénario de « Una questione privata », qui sort cette semaine en France, un drame d'amour sur fond de guerre et de résistance dans les montagnes du nord de l'Italie.

Dans « Volontaire », deuxième long métrage réalisé par Hélène Fillières (l'inoubliable « Mafiosa »), Diane Rouxel est une recrue de la Marine qui veut être enrôlée dans un stage réservé aux hommes, commandé par Lambert Wilson.

Pour « la Mauvaise Réputation », Hiram Haq, réalisatrice norvégienne d'origine pakistanaise, s'est inspirée d'un épisode de son adolescence, quand ses parents, la surprenant avec un garçon, l'ont « kidnappée » et emmenée au Pakistan, où elle a dû vivre pendant un an et demi. Elle a voulu faire ressentir l'amour impossible entre des parents et leur fille, qui ne peut pas avoir d'issue heureuse « tant que le fossé qui sépare leurs deux cultures reste aussi profond ».

Les cinéphiles ne manqueront pas, du 12 au 19 juin, le 7Champs-Élysées Film Festival, qui, à l'initiative de la productrice-distributrice Sophie Dulac, veut offrir le meilleur des cinémas américains et français indépendants, soit 12 longs métrages et 19 courts métrages. Tim Roth, Jennifer Jason Leigh et Chloë Grace Moretz y sont notamment attendus (www.champselyseesfilmfestival.com).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9671