D’un pavé l’autre. Après « la Fiancée américaine », qui avait recueilli les suffrages des lecteurs en 2012, le Québécois Éric Dupont trace un nouveau chemin dans « la Route du lilas » (1). De la France aux États-Unis, au Brésil et au Canada, hier et aujourd’hui. Trois femmes subjuguées par l’odeur du lilas traversent l’Amérique en suivant sa floraison. Chaque soir, elles se racontent des secrets, et des souvenirs et des anecdotes inventés qu'elles relient à des pages de la grande Histoire, comme celle de la princesse autrichienne Léopoldine, devenue la mère de la nation brésilienne. Les femmes sont au cœur du récit et surtout la violence faite aux femmes, encore et toujours et partout. « En gros, c’est une réflexion sur l’état du monde que j’ai mise sur une route bordée de lilas pour la rendre supportable », ironise l’auteur. Une fresque épique entre érudition et dérision.
La violette, l’orchidée bleue, le lys blanc, le calendula, la fleur du cognassier : les fleurs sont également au centre du premier livre traduit en français de la dramaturge et romancière Vanessa Montfort, considérée comme l’une des meilleures auteures espagnoles actuelles. « Les femmes qui achètent des fleurs » (2) a pour cadre la boutique d’un quartier de Madrid, tenue par Olivia et où se croisent Marina, Casandra, Gala, Aurora et Victoria. Des personnalités très différentes, mais toutes à la croisée des chemins entre travail, famille et désirs. Elles vont se parler.
Ex-rédactrice en chef à « Cosmopolitan » Jessica Knoll a connu un succès international avec un roman en partie autobiographique, « American Girl », l’histoire d’une jeune femme à qui tout semble sourire mais qui cache le traumatisme d’un viol subi lorsqu’elle était adolescente. Elle s’attache à nouveau à déconstruire l’image de femmes parfaites que ses héroïnes se sont fabriquées en dissimulant leurs failles et leurs faiblesses. Dans « la Préférée » (3), la mise à nu se passe lors d’une émission de téléréalité avec cinq jeunes femmes qui ont réussi sans le concours des hommes et qui s’entendent bien ; afin d’augmenter l’audience, la directrice artistique dresse en coulisses les candidates les unes contre les autres et attise les rivalités ; jusqu’au drame. Les médias seront une nouvelle fois partie prenante dans le dénouement de l’affaire. Une étude au scalpel sur les faux-semblants des vitrines féministes.
Émancipations
Géographe, spécialiste du monde rural et de l’agriculture, Roger Béteille est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages universitaires ou grand public. Avec « la Dame de Sanglard » (4), dont l'héroïne, du début des années 1920 à l’orée des années 1950, s’émancipe progressivement, on reste en terrain connu. Dans ce roman paysan et féministe, Maria, après s’être échappée du couvent auquel elle était vouée depuis l’enfance, est placée comme lingère chez de grands propriétaires dont le fils est revenu mutilé de la Grande Guerre et qui s’opposent à une autre famille dont l’héritier se vautre dans la débauche. Entre amour et adversité, la jeune femme s’affirme et conquiert sa liberté.
C’est également la destinée d’une femme libre en avance sur son temps que relate le dramaturge et producteur franco-libanais Gabriel Boustany dans « les Arrogants » (5). Libanaise, Tasmine est la fille d’un émir qui est aussi un des penseurs du nationalisme arabe et elle avait 10 ans lorsque sa famille a été contrainte de s'exiler au début des années 1930. De Beyrouth à Genève, où la famille va s’installer, en passant par les montagnes du Liban et la Sorbonne, à Paris, où elle va étudier, elle va devenir une jeune femme provocante, parfois arrogante, et se servir de sa position privilégiée pour faire avancer la condition des femmes musulmanes. En toile de fond se dessinent les conflits européens et le bouleversement des régimes arabes.
New York et le passé
Après le succès d’« Un petit carnet rouge » – l’histoire d’un amour perdu pendant la deuxième guerre mondiale, écrite après la découverte d’un calepin dans les affaires de sa grand-tante, la Suédoise Sofia Lundberg s’est inspirée de sa propre vie pour fignoler un roman rempli une nouvelle fois de généreux sentiments, « Un point d’interrogation est un demi-cœur » (6). Le récit oscille entre Manhattan aujourd’hui, où Elin connaît un succès immense comme photographe de mode, et l’île de Gotland, en mer Baltique, où elle a vécu des premières années très rudes. Une lettre venue de Suède la replonge dans son passé. Émotion garantie.
Catherine Bardon a passé de nombreuses années en République dominicaine, un pays qui lui a inspiré son premier roman et premier best-seller, « les Déracinés », qui racontait l’installation de juifs autrichiens contraints de fuir l’oppression nazie. Dans « l’Américaine » (7), elle continue d’explorer la question de l’exil et de la quête des racines. Fille du couple central des « Déracinés », Ruth, en 1961, quitte la République dominicaine, son île natale, pour les États-Unis, où elle devient vite une véritable New-yorkaise. Mais la réussite, les amours et les plaisirs ne l’empêchent pas de penser à ceux qu’elle a laissés dans un pays gangrené par la dictature, où la guerre civile fait rage, et de se demander qui elle est vraiment.
(1) Éditions du Toucan, 590 p., 22 € (2) Michel Lafon, 446 p., 19,95 € (3) Actes Sud, 435 p., 23 € (4) Rouergue, 428 p., 22 € (5) JC Lattès, 406 p., 19,90 € (6) Calmann-Lévy, 379 p., 19,90 € (7) Les Escales, 468 p., 20,90 €
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série