Il y a deux ans, Jules, le chien-guide d’aveugle mis en scène par Didier van Cauwelaert avait conquis le public dans une comédie sentimentale où les tourments amoureux affectent les humains comme les animaux. « Le Retour de Jules » (1) en est la suite prévisible, sauf que le bon labrador est devenu un chien de l’ESCAPE, l’École supérieure des chiens d’alerte et de protection pour l’épilepsie : un projet réel qui verra le jour sous la houlette du Pr Hervé Vespignani, chef du service de neurologie au CHU de Nancy, avec le soutien de l’auteur, pour qui « la fiction peut parfois bénéficier à la réalité dont elle s’inspire ».
Julie Barton avait 22 ans, était fraîchement diplômée et avait une vie pleine de promesses lorsqu’elle a été terrassée par une grave dépression et sauvée grâce avant tout à son chien Bunker. Dix ans après la mort du golden retriever, elle raconte, dans « Dog Médecine » (2), comment et pourquoi l'amour inconditionnel qui l’a unie à l’animal lui a permis de modifier sa perception d’elle-même et des autres et de comprendre la cause refoulée de son mal-être.
En même temps que le récit de son chemin vers le véganisme, « les Animaux ne sont pas comestibles » (3) est un guide pratique dans lequel Martin Page (auteur de nombreux romans, essais et livres pour la jeunesse) raconte le quotidien d’un végane : repas en famille, dîners au restaurant ou chez des amis, achats au marché, recettes. Pour lui la cause animale est une lutte politique et éthique exigeante, mais aussi joyeuse et inventive.
Sophie Carquain, journaliste spécialisée en psychologie, a choisi la fiction pour traiter de notre rapport avec l’animalité. « Manger dans ta main » (4) oppose une mère qui s’ennuie et a reporté toute son affection sur une mignonne cochonnette, et sa fille, brillante psy parisienne pour ados anorexiques. En attendant de savoir si Rose finira en pâté, l’auteure explore les thématiques de la nourriture, du corps fantasmé, de l’apprivoisement entre les êtres ou du sacrifice nécessaire.
Dans « la Mort du taxidermiste » (5) de Guillaume Le Touze, une girafe s'impose parmi les oiseaux et autres animaux empaillés dans l’atelier parisien de Bernard. Cet homme discret cache un secret que garde aussi jalousement son épouse, tandis que leur fils, naturaliste de profession, n'a jamais posé de question, au contraire de leur fille, qui a choisi de revenir en Corse, d’où sont partis ses grands-parents. Le jour où Bernard tombe malade, chacun se retourne vers le passé pour trouver des repères et se situer, mais se heurte au silence et au vide. Un ouvrage sur la filiation, où l’identité est abordée sous le signe de la topographie choisie ou offerte par la vie.
Romancière américaine à succès (« Ma vie pour la tienne »), Jodi Picoult donne, avec « la Tristesse des éléphants » (6), un récit choral très documenté en même temps qu’un page-turner habilement construit. Une adolescente se lance sur les traces de sa mère, une scientifique spécialiste des rituels de deuil des éléphants, disparue mystérieusement dix ans auparavant. Avec l'aide d'une voyante qui se prétend au contact avec l’au-delà et du policier alcoolique qui avait enterré l’affaire à l’époque. Une enquête mâtinée de surnaturel.
Les paysans et leur terre
Trois autres titres ont leur place en marge de ces ouvrages. « Nos vaches sont jolies parce qu’elles mangent des fleurs » (7) est signé Paul Bedel (avec Catherine Boivin), ce paysan d’Auderville qui a été le héros du documentaire « Paul dans sa vie ». Il a 87 ans et chaque jour il écrit sur des vieux agendas « des morceaux de (son) cerveau ». Il écrit sa terre à cailloux dans la presqu’île du Cotentin, comment il l’a soigné sans engrais ni pesticides, il écrit ses jours et la vie.
Donal Ryan n’avait lui que 37 ans lorsqu’il a été considéré, après la parution du « Cœur qui tourne », comme LA révélation des lettres irlandaises. « Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe » (8) est de la même veine. Un jeune paysan naïf et qui vit à l’écart du monde devient, lorsqu'il hérite de la ferme de ses parents, l’objet de toutes les fausses sollicitudes et de toutes les violences pour qu’il vende ses terres. Une critique du matérialisme actuel qui vient à bout de toutes les valeurs et de tous les idéaux.
« À coups de pelle » (9), de l'écrivain-paysan du Pays de Galles Cynan Jones, a pour cadre l'arrière-campagne galloise et pour thème l’opposition entre les pulsions de vie et de mort. Daniel, qui vient de perdre la femme qu’il aimait, s’accroche à sa terre et au travail harassant de l’agnelage. Alentour, le « grand gars » déterre les blaireaux et les revend à prix d’or pour des combats illégaux contre des chiens. Le jour où il trouve un terrier sur les terres de Daniel, la confrontation est inévitable. Une réflexion sur la sauvagerie inhérente à l’homme et sur la façon dont on la combat ou qu’on l’accepte.
(1) Albin Michel, 167 p., 16,50 €
(2) Belfond, 284 p., 18,90 €
(3) Robert Laffont, 266 p., 18,50 €
(4) Albin Michel, 311 p., 20,90 €
(5) Actes Sud, 182 p., 18 €
(6) Actes Sud, 444 p., 23 €
(7) Albin Michel, 227 p., 18 €
(8) Albin Michel, 288 p., 24 €
(9) Joëlle Losfeld, 159 p., 16,50 €
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