Philippe Pujol, prix Albert-Londres du grand reportage et auteur de « la Fabrique du monstre », sur les quartiers nord de Marseille, reste dans sa zone de prédilection avec « Marseille 2040 » (1). Une « enquête d’anticipation » qui convoque les données géographiques, démographiques et administratives de la région PACA, projetées dans quelques années. Il y a une histoire et des personnages mais ce n’est pas un roman, car tout ce qui y est raconté dans le domaine hospitalier est basé sur les chiffres de l’Agence régionale de santé et sur les visions prospectives des dizaines de médecins que l'auteur a rencontrés.
Le héros est un jeune régulateur de santé remplacé du jour au lendemain par une intelligence artificielle appartenant à une entreprise privée. Le récit se noue autour d’une crise sanitaire (une épidémie de grippe estivale qui se transforme en pandémie) qui précipite l’évolution du système. Robotisation des chirurgies, systématisation de la téléconsultation, généralisation des soins en réseau…, Philippe Pujol ne fait qu’extrapoler des nouveautés technologiques déjà existantes. Un exercice qui pourrait n’être que ludique mais que le sous-titre du livre, « Le jour où notre système de santé craquera », transforme en alerte. Entre efficacité accrue et déshumanisation de la médecine, quelles solutions faut-il mettre en œuvre pour maintenir un système de santé efficace, et à quel prix ?
Les jours sont comptés
Auteur de nombreux best-sellers depuis « le Secret de Champollion » et fervent admirateur de Jules Verne, Jean-Michel Riou s’est glissé dans les pas de ce dernier pour écrire « 10 000 jours pour l’humanité » (2). Le 63e « Voyage extraordinaire » ainsi imaginé commence alors qu’un gigantesque astéroïde risque de détruire la Terre. Il ne reste que trente années pour construire assez de cités souterraines pour abriter 1,4 milliard d’individus. L’urgence et l’ampleur du défi stimulent les hommes, qui inventent d’improbables solutions. Dans le même temps tout change : travail, argent, propriété, lutte des classes, un monde meilleur est en train de naître. Mais un projet criminel, conduit par un puissant cartel, est prêt à sacrifier l’immensité pour le profit de quelques-uns. Car bien sûr l’auteur a fait sien l’un des thèmes favoris de Jules Verne : l’affrontement du bien et du mal.
Trente jours, c'est le temps qu'il reste à une mère pour ramener à la vie son fils, plongé dans un coma profond, en réalisant à sa place les « merveilles », les expériences que l'enfant avait notées dans un carnet pour les vivre au long de son existence. Qu'elles soient loufoques, osées, stupides ou difficiles, elle vit ces aventures dans un compte-à-rebours redoutable mais aussi parfois hilarant, au cours duquel Thelma la carriériste redécouvre ce qui fait la saveur de la vie : l’amitié, l'entraide, le grain de folie. On les découvre dans « la Chambre des merveilles » (3), un premier roman signé Julien Sandrel, qualifié de « livre qui vous fera pleurer de bonheur » et qui a été vendu dans 18 pays avant même sa parution.
Connue pour sa poésie, la Suédoise Mia Ajvide (née en 1950) publie « l’Homme qui est tombé dans l’oubli » (4), un premier roman aux confins du thriller psychologique et du fantastique. Des hommes et des femmes s’effacent de la mémoire des gens à l’instant même où ils quittent leur champ visuel. C’est ce qui arrive à Jack, rejeté par sa compagne et ses proches. Tout contact devient impossible, sauf avec les « oubliés », regroupés dans une sorte de société parallèle menée par l’autoritaire Hanna. Tandis que cette dernière voit dans leur condition l’avènement d’une nouvelle forme d’humanité qui fleure bon l’eugénisme, lui va tout risquer pour tenter de reconstruire les souvenirs d'une vie.
Des autorités contestées
La société que dépeint Jennie Melamed dans « Et nous ne vieillirons jamais » (5) est une société d’hommes que des jeunes filles remettent en cause. L’auteure (elle est infirmière psychiatrique, spécialisée dans l’accompagnement d’enfants traumatisés, à Seattle) décrit une île américaine, où des familles vivent depuis plusieurs générations en totale autarcie et dans la croyance que le monde a plongé dans le chaos. Dans cette dystopie où chacun se soumet aux « commandements des ancêtres », les filles passent de l’autorité du père à celle de l’époux, leur rôle étant de faire perdurer l’espèce. Alors qu’elles s’approchent de « l’été de la fructification », la cérémonie qui fera d’elles des femmes, Vanessa, Janey, Caitlin et Amanda vont, chacune à sa manière et selon son caractère, refuser le destin qu’on leur impose et confronter la communauté à ses mensonges et à ses lourds péchés.
Le huitième roman de Thierry Cohen (« J’aurais préféré vivre ») nous conduit dans une école différente, « l’Académie des âmes abîmées » (6). Là où des enseignants hors normes, ou plutôt des personnes de bonne volonté, recueillent des jeunes en perdition, des victimes de dealers, violeurs, parents indignes ou réseaux mafieux. C’est le cas de Lana et de Dylan, qui, comme les autres, vont tenter dans cet étrange institut, et avec des méthodes qui ne sont pas conventionnelles, de se reconstruire et de vivre. Un récit d’apprentissage et d’espoir pour toutes les âmes tourmentées et un livre qui, pourquoi pas, redonne foi en l’enseignement.
(1) Flammarion, 222 p., 15 €
(2) Plon, 479 p., 21,90 €
(3) Calmann-Lévy, 265 p., 18,90 €
(4) Actes Sud, 379 p., 23 €
(5) Anne Carrière, 410 p., 22 €
(6) Plon, 416 p., 18,90 €
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