Metteuse en scène, scénographe et artiste vidéo, la Britannique Netia Jones, qui signe mise en scène, décor, costumes et vidéo, revendique Beaumarchais pour justifier son travail, qui tire cette pièce si complexe, si révolutionnaire vers le comique systématique. Un comique certes présent dans l’œuvre de Mozart et da Ponte, mais qui s’efface devant le caractère amer du message délivré tout au long de cette « Folle Journée ».
Le mantra des metteurs en scène d’opéra d'aujourd’hui est que les œuvres du répertoire, quel que soit leur âge, donnent à réfléchir sur le monde actuel. Certaines se prêtent certes à des transpositions et un travail d’actualisation. Mais l’idée de situer « Les Noces » dans un théâtre qui répéterait la pièce de Beaumarchais, dont le Comte serait le directeur, la Comtesse une actrice, Figaro le perruquier et Suzana la couturière, n’apporte aucun élément pouvant éclairer le plus parfait opéra du répertoire. Visser une casquette à l’envers sur la tête de Chérubin, l’équiper d’un smartphone relève de la gaminerie. Faire se déshabiller un par un les principaux personnages, évoquer le mouvement #MeToo en regard de l’abolition du droit de cuissage par le Comte Almaviva, cela ne tient pas longtemps la route.
On reste ici dans le type de divertissement gratuit et superficiel ressemblant à ce que nous ont servis des metteurs en scène comme Robert Carsen pendant les trois dernières décennies. On regrette que l’Opéra de Paris ne se dote pas d’une production qui puisse faire de l’usage, comme l’a fait celle de Giorgio Strehler pendant près d'un demi-siècle, au point qu’il a fallu la reproduire après qu’un directeur très progressiste en avait décidé la destruction.
le nouveau Directeur musical Gustavo Dudamel était dans la fosse pour la deuxième fois cette saison, après « Turandot » en décembre. Son approche de l’œuvre est excellente, même si on a pu trouver quelques phrasés un peu heurtés. Mais il tient à merveille la fabuleuse mécanique des ensembles et fait entendre les détails les plus raffinés de la partition, notamment l’alliance des timbres vocaux et instrumentaux. Dominée par les hommes, la distribution permet de retrouver le Comte superlatif de Peter Mattei et le Figaro exemplaire de Lucas Pisaroni. Si leurs voix ne manquaient pas de charme, les dames de la distribution se situaient en deçà pour le volume et la projection, hormis Dorothea Röschmann, ancienne Comtesse, passée au rôle de Marcelina.
Chacun pourra se faire son idée lors de la retransmission en direct le 3 février à 19 h 30, sur France.TV/Culturebox et de nombreux cinémas (UCG, CGR, indépendants). Diffusion sur France Musique le 26 février 2022 à 20 heures. (Palais Garnier, jusqu'au 18 février, tél. 0892.89.90.90, operadeparis.fr)
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