JAZZ-ROCK - Coffrets

Des œuvres complètes

Publié le 03/06/2013
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À TRAVERS son label Legacy Jazz ou ses boîtes à musique consacrées à ses artistes et groupes emblématiques, Sony Music poursuit, grâce à ses nombreux catalogues historiques, une politique de réédition complète qui est un régal pour l’amateur avisé et surtout curieux. En ce printemps, plusieurs nouveautés et intégrales sont apparues sur le marché.

De loin la plus intéressante est la rétrospective consacrée au trompettiste Woody Shaw (1944-1989), dans « The Complete Columbia Albums Collections » (Columbia/Sony). Trop peu connu, sans doute à cause de sa disparition précoce, Woody Shaw s’est fait une réputation dès l’âge de 18 ans, en enregistrant aux côtés du multi-instrumentiste Eric Dolphy. Héritier en droite ligne de Clifford Brown, Fats Navarro, Booker Little et Dizzy Gillespie, il fut souvent comparé à Freddie Hubbard à cause de son phrasé, de son style percutant et de son côté aventurier et innovateur dans l’improvisation. Il s’illustra auprès d’Horace Silver, Herbie Hancock, Chick Corea, McCoy Tyner ou encore Jackie McLean, après avoir joué à Paris, dans les années 1960, avec l’élite des jazzmen américains exilés dans la capitale. D’abord remarqué par le label Muse (dont Mosaic va rééditer ce mois-ci l’intégrale en coffret), il signe dans les années 1970 avec Columbia, pour qui il va graver les six albums réunis dans le coffret. Des enregistrements (dont certains inédits) en moyenne formation, en quintet – dont un exceptionnel live au Village Vanguard en 1978 – ou en sextet, avec des accompagnateurs comme Joe Henderson, Gary Bartz, James Spaulding (saxes), Steve Turre (trombone), notamment, qui démontrent que l’étoile et le style mordant et incisif de ce trompettiste hors norme brillent toujours dans le firmament du jazz.

De grands moments.

D’autres coffrets méritent une attention particulière comme ceux de Weather Report, Stanley Clarke ou encore Stan Getz. « The Complete Columbia Albums - 1976-1982 » de Weather Report rassemble les albums (six) du groupe emblématique de la période jazz fusion et de ce qu’on pourrait appeler les années Jaco Pastorius, puisque le célèbre bassiste, considéré comme le père technique et spirituel de tous les bassistes électriques actuels, est présent aux côtés des deux fondateurs de la formation, Joe Zawinul (claviers) et Wayne Shorter (saxes).

Stanley Clarke fut un autre des principaux bassistes électriques modèles pour plusieurs générations d’instrumentistes du jazz binaire. « The Complete 1970s Epic Albums Collection » est un plongeon dans ces années où le jazz-rock – voire commercial, pour certains –, était prédominant, et l’on retrouve ici pêle-mêle George Duke (claviers), Steve Gadd (batterie) et même la toute jeune Dee Dee Bridgewater (en 1978), dans un tourbillon de rythmes funk et rockisants.

Après plus de vingt ans chez Verve, Stan Getz (1927-1991) rejoint dans les années 1970 la maison Columbia, pour laquelle il va enregistrer des disques aux tonalités multiples. On redécouvre dans « The Complete Columbia Albums » des sessions incroyablement swing et classique, un retour à la bossa-nova – avec notamment Joao Gilberto (guitare/chant) – et des clins d’œil du côté du jazz expérimental et électrique, avec un merveilleux quintet réunissant Chick Corea (claviers), Stanley Clarke (basse), Tony Williams (batterie) et Airto Moreira (percussions). Sans oublier des directs à Carnegie Hall avec le big band de Woody Herman (1976) ou un CBS Jazz All Stars regroupant, en 1979, outre le leader, Dexter Gordon et Woody Shaw. De très grands moments.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9247