Des rencontres remarquables

Le meilleur enregistrement de l’année est sans conteste celui du concert donné pour leur première collaboration par cinq artistes exceptionnels, le pianiste Evgeny Kissin et le Quatuor Emerson, sur la scène du Carnegie Hall de New York le 27 avril 2018. Deutsche Grammophon publie sur deux CD ce « New York Concert » au programme miraculeux : « Quatuor avec piano K.478 » de Mozart, « Quatuor avec piano n°1 » de Fauré, « Quintette avec piano n°2 » de Dvořák et, comme bis, le Scherzo du « Quintette avec piano opus 57 » de Chostakovitch. Concert inoubliable par l’engagement total des quatre musiciens américains, en totale communion avec le pianiste russe.

Autre rencontre immanquable, enregistrée pour Erato en studio mais extrêmement vivante, celle de la pianiste Elisabeth Leonskaja et du Quatuor Artemis. Chostakovitch est au programme, avec les quatuors n°5 et 7 et le « Quintette op.57 », qui valut au compositeur son prix Staline en 1941. Ces partenaires réguliers emmènent ce quintette vers des sommets de poésie inouïs.

Autre rencontre remarquable en 2018, entre le pianiste Michel Dalberto et le Novus Quartet, cette fois autour de l’œuvre de César Franck. Dalberto interprète avec une grande sérénité les deux grandes pièces composées en hommage à J.S. Bach que sont « Prélude, Choral et Fugue » et « Prélude, Aria et Final », et une exquise adaptation de l’Andantino de « Prélude, Fugue et Variations » pour harmonium. Puis les cinq musiciens jouent le « Quintette en fa mineur ». Un somptueux parcours dans l’œuvre du compositeur et organiste franco-belge, avec une présentation brillante du pianiste, publié par Aparté Music.

B Records/Outhere continue de publier l’intégrale de la musique de chambre de Brahms. Le volume 3 regroupe les œuvres avec instruments à vent dont le tardif « Quintette pour clarinette et cordes op.115 » avec les musiciens français Pierre Fouchenneret, Lise Berthaud, François Salque, Florent Pujuila et Éric Le Sage.

Bach et le Café Zimmermann

Quel rapport entre J.S. Bach et le café ? À l’époque où le compositeur était Cantor de l’Église Saint-Thomas, à Leipzig, le café venait de faire son apparition en Europe et les maisons destinées à sa consommation étaient aussi le lieu de réunions musicales et littéraires. Le plus célèbre reste le Café Zimmermann, où officiaient les musiciens – étudiants pour la plupart – du Collegium Musicum, fondé par Telemann puis dirigé par un Bach trop heureux de composer autre chose que de la musique d’église. Un luxueux coffret de 16 CD publié par Alpha/Outhere réunit le travail de musiciens de la Schola Cantorum de Bâle qui ont conçu le projet d'enregistrer toutes les musiques liées à ce lieu, principalement celles des Bach (Jean Sébastien, Carl Philipp Emanuel), mais aussi de Vivaldi, Charles Avison et Jean Henry d’Anglebert. Une somme considérable enfin complète, grâce aux initiateurs de ce magnifique projet, Pablo Valett, premier violon de l’ensemble, et la claveciniste Céline Frisch.