Afin de ne pas laisser totalement inoccupé le Palais Garnier, fermé jusqu’en décembre pour travaux dans les cintres, et faire danser son ballet inactif depuis le mois de mars, la Direction de la Danse de l’Opéra de Paris avait décidé d’y donner en alternance deux soirées de pas de deux et solos, dansés par les Étoiles et Premiers Danseurs sur un plateau éphémère construit devant le rideau de scène par-dessus la fosse et l’avant-scène, empiétant sur les premiers rangs de l’orchestre.
Conçue sur le mode du gala, la soirée Étoiles de l’Opéra affichait sept chorégraphies. Trois musiciens jouent dans la salle, sauf pour la musique électronique de Tom Willems de la pièce de William Forsythe, qui est enregistrée. À la lecture du programme, on ne s’attendait pas à une grande cohérence dans la succession des pièces choisies, ce qui se confirmait au fil des 75 minutes de la soirée. Seuls valaient vraiment le déplacement « Trois Gnossiennes » (musique d’Erik Satie), le génial duo quasi géométrique du Néerlandais Hans van Manen, créé en 1982 et qui ferait pâlir d’envie des pièces n’ayant pas cet âge canonique, formidablement dansé par Ludmila Pagliero et Hugo Marchand, et « Lamentation », le solo aussi historique que culte de Marta Graham, créé en 1930 sur une pièce pour piano de Zoltán Kodály.
Noureev en sept extraits
Pour la soirée Rudolf Noureev (des extraits de sept ballets) prédominait l’impression que les pas de deux sont assez peu crédibles une fois sortis du contexte de grand ballet en trois actes avec un argument et une progression dramatique – hormis celui de « Don Quichotte », un morceau de gala en soi, plutôt brillamment dansé par Valentine Colasante et Francesco Mura si l’on s’en tient à la technique (pour le naturel, on pouvait repasser…). En outre, on sentait l’effort, les pas comptés, on tremblait pour les portés périlleux. Seul nous a convaincu le duo dit du Tabouret de « Cendrillon », interprété avec un vrai geste artistique par Alice Renavand, si grâcieuse dans les bras de Florent Magnenet.
Le seul solo, très attendu, l'un des plus beaux de Noureev, « la Variation du Poète », extraite de « Manfred », offrait à Mathias Heymann l’apparition la plus artistique de la soirée. Le danseur étoile a su transmettre en cinq minutes le désespoir du poète romantique, sans donner l’impression de parachuter sur scène un morceau de circonstance.
On nuancera ces réserves à la lumière des conditions de travail des danseurs dans le contexte sanitaire actuel, tout en précisant que ces soirées avaient été annoncées dès le début de l’été et que les danseurs ont repris le chemin des studios dès la mi-août. Ajoutons que techniquement ces soirées auraient pu être davantage soignées, car les éclairages blafards frisant l’amateurisme et la désastreuse sonorisation de la soirée Noureev, avec basses de discothèque technos et aigus sursaturés, semblaient bien loin du standard d’un théâtre qui met sans cesse en avant pour justifier son faramineux budget les notions de prestige et de rayonnement international.
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