Des spectacles pour les fêtes

Avant une fermeture pour travaux qui marquera sans aucun doute la fin d’une ère, « 42nd Street » occupera la scène du Châtelet jusqu'au 8 janvier (1). Une grande réussite à mettre une fois de plus à l’actif du directeur du théâtre Jean-Luc Choplin et de l’équipe gagnante à nouveau réunie, Stephen Mear pour la mise en scène et la chorégraphie et Gareth Valentine pour la direction musicale.

Comédie musicale créée à New York en 1980 d’après le film de Lloyd Bacon (1933), « 42nd Street », comme « Singin’in the Rain » et « Kiss Me, Kate ! », est un backstage musical qui raconte les coulisses du montage d’un spectacle de Broadway lors de la terrible crise financière de 1929. Les grands numéros de danse, de claquettes et des chansons au succès planétaire en assurent la charpente. Mise en scène et chorégraphie sont d'un immense professionnalisme et la distribution est un sans-faute : tous sont aussi parfaits danseurs que chanteurs et comédiens. L'ensemble des danseurs est superlatif, comme l'Orchestre du Châtelet dirigé avec un goût exquis par Gareth Valentine. Un choix symbolique et un cri d’amour à Broadway : chant, danse et bonne humeur. Idéal pour les fêtes et en famille.

À l’Opéra de Paris (2), côté danse, le Ballet reprend jusqu'au 31 décembre l’increvable « Lac des Cygnes » de Noureev sur la scène bastillane. Tandis qu’au Palais Garnier un magnifique hommage est rendu à Jiri Kylian, jusqu'au 31 décembre également. Il consiste en trois pièces de ce chorégraphe d’origine tchèque datant de l’époque où il dirigeait le Nederlands Dans Theater. On ne se lasse pas, depuis 15 ans, de revoir « Bella Figura », réglé sur des musiques italiennes des XVI^e et XVII^e siècles, grande leçon d’élégance et d’invention. Deux pièces entraient au répertoire du BOP : « Tar and Faethers » (2006), fantaisie débridée sur une improvisation live de la pianiste Tomoko Mukalyama, et l’emblématique « Symphonie de Psaumes » sur la musique éponyme de Stravinsky. Une soirée parfaite.

Côté lyrique, c’est un bien étrange accouplement qui unit « Cavalleria Rusticana » de Pietro Mascagni au rare « Sancta Susanna » de Paul Hindemith (Opéra-Bastille, jusqu'au 23 décembre). Une soirée peu festive et dont l’intérêt théâtral échappe un peu. Le metteur en scène italien Mario Martone réchauffe pour Paris son « Cavalleria », moitié d’un spectacle milanais très torturé, et y adjoint le rare et sulfureux « Sancta Susanna », que l’on aurait préféré voir dans le cadre du triptyque dont il fait partie. Deux grandes chanteuses donnent à cette soirée bancale de moins de deux heures son haut niveau musical : Elina Garanca (Santuzza) et Anna Caterina Antonacci (Susanna). Ainsi que le chœur et l'orchestre dirigés par Carlo Rizzi, qui sont excellents.

Autre spectacle d’importance à Paris, la magnifique chorégraphie culte de « Roméo et Juliette » d’Angelin Preljocaj, dans des décors d’Enki Bilal, de retour vingt ans après sa création. C’est le Théâtre de Chaillot (3) qui a l’honneur de cette reprise, du 16 au 24 décembre, et qui rendra un hommage au chorégraphe en lui dédiant une soirée, « Le Bal de Vérone », le 17 décembre.

L’Opéra de Lyon (4) offre quant à lui, du 14 décembre au 1^er janvier, une des opérettes viennoises les plus rarement représentées : « Une Nuit à Venise », de Johann Strauss. Coproduit avec Graz, en Autriche, le spectacle est mis en scène par Peter Langdal dans un esprit onirique et fantasmatique inspirée des films de Fellini. Carnavalesque et festif !

(1) Châtelet, tél. 01.40.28.28.40, www.chatelet-theatre.com
(2) Opéra de Paris, tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
(3) Théâtre de Chaillot, tél. 01.53.65.30.00, www.theatre-chaillot.fr
(4) Opéra de Lyon, tél. 04.69.85.54.54, www.opera-lyon.com