« Un auteur audacieux et intense dont la trépidante carrière d’acteur ne doit pas éclipser l'œuvre ; celle d’un expérimentateur dont le goût du risque lui permet de se renouveler à chaque film » : c'est ainsi que le jury du prix Jean Vigo décrit Mathieu Amalric, son lauréat 2017, justement distingué pour « Barbara » (également détenteur du prix pour la poésie du cinéma, l'une des récompenses de la section Un certain regard, à Cannes).
Jeanne Balibar joue une actrice qui joue Barbara pour un cinéaste incarné comme il se doit par Amalric. Une mise en abîme qui donne au réalisateur et à la comédienne une liberté, par rapport à la stricte biographie, dont ils font largement usage. Et l’émotion est là, indissociable de la musique et des chansons que chacun connaît.
Ce qu'est la France
Avec « Jeannette », du toujours surprenant Bruno Dumont, la musique est au service de la poésie de Charles Péguy (« Jeanne d'Arc » et « le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc ») et de l'ambition du réalisateur d'explorer un nouveau mode d'expression en même temps que la jeunesse de « la figure principale de la mythologie française » – celle dont raconter la vie « c'est dire et faire entendre ce qu'est la France, tout simplement ».
Un opéra cinématographique, donc (livret de Péguy, musique électro-pop-rock d'Igorrr, chorégraphies de Philippe Decouflé), interprété en direct dans les dunes du Nord par des non professionnels, il y a de quoi avoir peur. Mais on se laisse emporter par la beauté des images, telles parfois les images pieuses de naguère, et la simplicité et la vivacité des jeunes interprètes. Si Jeanne d'Arc n'est pas notre héroïne, Jeannette pourrait presque nous convaincre.
Au Cambodge
Jeanne Labrune (« C'est le bouquet », « Sans queue ni tête ») nous emmène quant à elle au Cambodge, dans des lieux sauvages non loin des temples d'Angkor, à la suite d'une jeune fille (Agathe Bonitzer) qui s'apprête à devenir religieuse dans une mission catholique. « Le Chemin » qu'elle emprunte pour aller soigner une villageoise porte le souvenir des morts du génocide. C'est aussi un chemin d'apprentissage, où elle rencontre un homme lui-même plein d'interrogations, alors que sa femme se meurt d'un cancer. De très beaux paysages, aux couleurs changeantes, nature et ruines mêlées, enrichissent un récit pudique et néanmoins riche. Entre français et khmer, entre souffrances et espoir, un chemin à suivre.
Citons aussi, parmi les nouveautés de la semaine, « Une famille syrienne », du Belge Philippe Van Leew avec Hiam Abbas, huis-clos au milieu des bombes, et « Ôtez-moi d'un doute », comédie de Carine Tardieu avec Cécile de France et François Damiens. Sans oublier de récentes sorties, comme « Petit Paysan », primé au festival du film francophone d'Angoulême, tout comme son interprète Swann Arlaud, et, bien sûr, « 120 Battements par minute », à voir absolument.
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