SITÔT ARRIVÉ à Béchar, sur la route des ksour et des oasis, c'est avec un verre de lait, des dattes et des chants que le visiteur est accueilli. C'est toujours comme ça dans la vallée de la Saoura, l'une des portes ouest du Sahara, le plus grand désert du monde. Depuis l'oasis de Béchar et son jardin extraordinaire aux vingt mille palmiers-dattiers, son ancienne église au clocher blanc, l'aventure peut commencer. Avec l'envie presque obsédante de rencontrer l'Homme bleu.
En allant vers le sud, de Taghit à Béni Abbès, la route égrène une multitude de ksour (ksar, au singulier) parfois plus que millénaires, qui défient toujours le temps. Chaque oasis possède son ksar, une sorte de palais oriental construit en toub, matériau adapté à la rigueur du climat. Protégé au centre d'un dédale de venelles et de murs fortifiés aux étroites fenêtres donnant sur la palmeraie généreuse et ses jardins luxuriants, le ksar fait front à l'immense mer de sable qui le cerne.
Petit à petit, ces joyaux d'architecture sont restaurés, notamment grâce au soutien de l'Unesco et du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement). Pour exemple, Taghit, l'une des plus belles oasis du grand Sud, qui a servi de décor à la troisième édition du Festival du tourisme saharien. Après Tamanrasset et Biskra, le festival 2007 a réuni dans cette oasis, une semaine durant, sous des tentes nomades, des festivaliers venus des quatorze wilayas (préfectures) du grand Sud algérien. C'est aux sons des bendirs et des karkabous (instruments traditionnels) et des chants des tribus zénètes ponctués de baroud que les nombreux festivaliers ont découvert l'insoupçonnée richesse et la diversité des traditions sahariennes, et pris la mesure de l'événement organisé par le ministère du Tourisme, qui souhaite accueillir à nouveau les visiteurs comme avant la décennie trouble qu'a subie l'Algérie.
Quand soudain un mirage...
L'immense Sahara – il occupe 90 % de la surface du pays – est tantôt cette immense mer de sable que l'on fantasme, tantôt un désert de rocailles parsemé çà et là d'acacias cachectiques. Sur les routes droites et qui n'en finissent pas, les panoramas presque austères défilent quand, soudain, un mirage nous fait croire à une oasis scintillante toute proche. La déception est de courte de durée quand bientôt l'on aperçoit, droit devant et bien réelles, de majestueuses dunes d'or entourant ou protégeant une cité dont son ksar ocre est une des plus belles haltes du trajet.
Les contrastes sont saisissants, lorsque l'aridité des montagnes de sable laisse place aux oasis luxuriantes. On pense aux élégants ksour, dits du Nord, de Mougheul et de Boukhaïs, tant leur beauté architecturale nous transporte à travers leurs portes en bois travaillé, leurs venelles labyrinthiques et fraîches, leurs plafonds ouvragés.
Et sur la route qui mène jusqu'à Timimoun la Rouge, l'on revient toujours à Taghit, à 93 km de Béchar, sur le Grand Erg occidental, dominé par son ksar rénové. On peut y réserver quelques chambres si l'on contacte l'association du Vieux Ksar qui a participé à la réhabilitation réussie de la cité tout en maintenant les habitants dans ses remparts mille fois photographiés au coucher du soleil depuis la crête de la dune dominante.
Les habitants de Taghit, très accueillants, vous invitent avec plaisir à visiter leurs maisons. Une convivialité qui passe forcément par le cérémonial du thé à la menthe. Chaque année, en octobre, la ville fête le moussem qui célèbre la fin de la récolte des dattes.
Par-delà les dunes, l'on peut déchiffrer des gravures rupestres datant du néolithique. Nombreuses dans la région, certaines montrent une faune et une végétation aujourd'hui en partie disparues.
Contemplation et introspection.
Sur la route qui mène au barrage Djorf Torban, Hammaguir a été le premier site de lancement de satellites français. Ici, avec leurs impressionnants promontoires de pierre, les paysages, évoquent parfois les décors des westerns de John Ford.
Peut-être aurez-vous la chance de surprendre une gazelle dorcas, mais ne comptez pas trop voir un fennec qui préfère sortir dès la nuit tombée. Dans la vallée de la Saoura, les pluies sont rares mais l'eau a modelé le relief. Autrefois coulaient des rivières, des fleuves, et l'on décèle la trace d'une mer intérieure en découvrant des kilomètres carrés de fossiles d'animaux marins qui tapissent le sol.
Au sud du Grand Erg, Béni-Abbès est une autre superbe oasis de la rive gauche de la Saoura. Dominant la palmeraie en forme de scorpion, la cité fait face à une dune soyeuse que le vent, en bon jardinier, a ratissé, et qu'un scarabée indiscipliné redessine à sa mesure. Face à cette immensité, quelque chose pousse à l'introspection, à l'humilité.
On ne peut s'empêcher de penser à Théodore Monod, qui nous a tant fait aimer et comprendre le désert sous tous ses aspects. On pense évidemment au père Charles de Foucauld, ex-militaire et homme de foi, qui, en 1901, choisit cette petite oasis pour s'y établir, vivre près des Touareg et y édifier à ses portes, et de ses mains, La Fraternité, l'ermitage qu'il quittera pour l'Assekrem, au coeur du Hoggar, quatre ans plus tard. L'humble chapelle est propice au recueillement, et les frères et petites soeurs y reçoivent toujours les pèlerins venus y chercher la paix.
Depuis un balcon de l'hôtel Rym (construit par l'architecte Pouillon), l'heure est à la contemplation, lorsque la lumière du matin ou du soir adoucit le site et enflamme les flancs des dunes que dévalent des skieurs d'un genre nouveau.
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Pour partir
TRANSPORTS
Plusieurs compagnies aériennes organisent des vols quotidiens entre la France et l'Algérie.
– Air Algérie (tél. 01.42.60.30.62 ou www.airalgerie.dz) propose 3 vols quotidiens Paris-Alger à partir de 298 euros et un Paris-Alger-Béchar à partir de 460,62 euros.
– Et aussi Air France, tél. 3654 et www.airfrance.fr et Aigle Azur, tél. 0810.797.997 et www.aigle-azur.fr.
FORMALITÉS
Passeport en cours de validité et visa à retirer auprès d'un consulat dans les grandes villes de France. Compter 33 euros et un délai de 48 heures.
SANTÉ
Aucun vaccin exigé. En randonnée, attention à l'hyperthermie d'effort, et n'oubliez pas que les nuits sont fraîches dans le Sahara !
CLIMAT
La période idéale pour se rendre dans le Sud algérien, si l'on craint la chaleur, se situe de septembre à avril .
MONNAIE
Le dinar algérien (DA). 1 euro = 100 DA env. Il est possible de faire le change à l'aéroport ou dans les hôtels. Les cartes de crédit ne sont pas ou très peu acceptées dans le Sud algérien.
HOTELS
• Sur la route des Ksour
– Hôtel Rym, très bien situé dans l'oasis de Béni-Abbès, avec accès direct sur les dunes. Tél. +213.49.82.42.03 et rymhotel@egtouest.com.
– Hôtel Antar, au centre de Béchar. Tél. +213.49.81.71.61.
– Hôtel Taghit, en plein coeur de l'oasis, près du ksar admirablement restauré. Tél. +213.49.86.31.31.
– Association du Vieux Ksar. Tél. +213.73.82.39.20 (demander M. Yahia). L'association gère quelques chambres dans de vieilles maisons du ksar rénové.
• A Alger
– Hôtel Hilton, Pins Maritimes, Alger. Depuis les balcons de l'hôtel, belle vue sur la baie d'Alger. Tél. +213.21.21.96.96.
SEJOURS
Nombreux sont les tour-opérateurs qui organisent, de l'automne au printemps, méharées et randonnées à pied ou en 4x4. Parmi ceux-ci :
– Chamina Voyages, Naussac, PB 5, 48300 Langogne. Tél. 04.66.69.00.44. Site : www.chamina-voyages.com.
– Akaoka (L'aventure à la carte), hameau de la Combe, 30440 Saint-Laurent-le-Minier. Tél. 0825.000.840. Site : www.akaoka.com.
– Club Aventure, www.clubaventure.fr. – Atalante, www.atalante.fr. – La Balaguère, www.labalaguere.com.
LIRE
– « Le Petit Futé Algérie » 2007-2008. Rédigé par Marie-Hélène Martin, il est le guide le plus complet à ce jour.
RENSEIGNEMENTS
– Ambassade d'Algérie en France, 50, rue de Lisbonne, 75008 Paris. Tél. +33.1.53.93.20.20. Site : www.amb-algerie.fr. De nombreuses informations sur le pays et une liste des consulats en France. E-mail : chancellerie@amb-algerie.fr.
– Ministère algérien du tourisme. Tél. +213.21.79.23.01. Site : www.tourisme.dz.
– Office national du tourisme algérien. Site : www.ont-dz.org. Tél. +213.21.71.29.81, e-mail : ont@ont-dz.org.
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