Un opéra contemporain, un musical

Deux événements à découvrir sur DVD

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Publié le 04/03/2019
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Cl-Wonderful Town

Cl-Wonderful Town

« The Exterminating Angel », le troisième opéra (après « Powder Her Face » et « The Tempest ») du compositeur britannique Thomas Adès, né en 1971, est adapté du scénario de « l'Ange exterminateur », le film surréaliste de Luis Buñuel (1962). Sa création au Festival de Salzbourg en 2016 a été suivie de reprises au Royal Opera de Londres, puis au Metropolitan Opera de New York, d’où il fut diffusé en 2017 dans les cinémas du monde entier. La publication de cette soirée par la firme française Erato, filiale de Warner, est un événement majeur, qui permettra d’augmenter encore sa diffusion vers un large public.

« The Exterminating Angel » est une incontestable réussite. Sa partition orchestrale crée des effets de suspense et de terreur du début à la fin des deux grandes heures que dure l’œuvre, utilisant des instruments très inhabituels, beaucoup de percussions et les ondes Martenot, pour créer le climat d’irréalité. L’écriture vocale n’est pas sans rappeler le parlé-chanté des opéras d’Alban Berg, mais chaque personnage a sa couleur et satypologie vocale.

La production de Tom Cairns, qui, avec l’aide du compositeur, a adapté le scénario de Buñuel et Alcoriza dans des décors d’Hildegard Bechtler, identique dans les trois théâtres où l’œuvre a été donnée, est extrêmement efficace scéniquement et magnifiquement filmée pour la vidéo.

La distribution, avec pas moins de quinze rôles principaux, est superlative, réunissant des chanteurs aguerris comme John Tomlinson, Alice Coote, Joseph Kaiser et Rod Gilfry, et de plus jeunes, tels Lestyn Davies et Frédéric Antoun. Le compositeur dirige un Orchestre du Metropolitan Opera survolté, qu’agrémentent des solistes exceptionnels, dont Cynthia Millar aux ondes Martenot et Dimitri Dover au piano.

Comme à Broadway

L’an dernier, l’Opéra de Toulon rendait hommage à Leonard Bernstein, pour le centenaire de sa naissance, en créant en France son musical « Wonderful Town » composé en 1953, quatre ans avant « West Side Story ». Une œuvre divertissante qui réfléchit aussi sur le phénomène toujours actuel de l’attraction des grandes villes. En l’occurrence New York, où débarquent deux sœurs venues de l’Ohio, pour vivre leur vie d’artiste.

Les librettistes portent un regard gentiment satirique sur l'époque, qui, dans la réalisation toulonnaise d’Olivier Bénézech, est actualisée. Bernstein en rajoute dans une partition jubilatoire, avec une conga irrésistible et à l’instrumentation magnifique.

La distribution est parfaite, dominée par Rafaëlle Cohen et surtout Jasmine Roy, dans le rôle tenu à la création par Rosalind Russell. L’Orchestre de Toulon, qui avait déjà surpris avec « Folies », de Sondheim, rend parfaitement justice à l’œuvre sous la direction de Larry Blank, les cuivres particulièrement. Magnifiques aussi les danseurs et la chorégraphie de Johan Nus.

Merci à Bel Air Classiques d’avoir si bien capté cette production digne de Broadway, désormais accessible à tous.

 

 

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9729