IL EST RARE que les programmes en plusieurs parties du Ballet de l’Opéra de Paris soient aussi équilibrés et passionnants que celui qu’il offre en mai au Palais Garnier et qui inscrit, avec une nouvelle chorégraphie du « Boléro » de Ravel, la seconde création au programme de cette saison. « L’Oiseau de feu », de Béjart (1970), créé par le Ballet de l’Opéra de Paris, n’a pas pris une ride. Le jeune danseur étoile Mathias Heymann, de retour après une longue convalescence, donne un relief éclatant au rôle de l’Oiseau. Un peu raide dans son expression, peut-être gagnera-t-il avec le temps la juste part de sensualité qui manque encore à son incarnation.
Passionnante confrontation que les deux versions, distantes de quelque quarante années, du « Prélude à l’après-midi d’un faune », de Debussy, que l’Opéra de Paris possède à son répertoire. Le rôle du Faune, à la plastique étrange et aux pas codifiés en 1912 par Nijinski, dans les décors et costumes néo-antiques de Léon Bakst, appartient aujourd’hui à Nicolas Le Riche, qui en donne une incarnation saisissante. « Afternoon of a Faun », situé par Jerome Robbins dans un studio de danse en 1953, a toujours beaucoup de fraîcheur, avec ses clins d’œil au grand original de Nijinski. Émilie Cozette et Stéphane Bullion étaient formidablement bien appariés pour donner toute sa poésie à cette charmante chorégraphie.
Le plat de résistance de la soirée, la création d’une nouvelle chorégraphie du « Boléro » de Ravel par Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, n’a pas déçu. Impossible de ne pas se référer à celui de Béjart, dont il n’a pas le formidable crescendo dans la transe. Grâce à un immense miroir incliné à l’arrière de la scène, on peut voir une géométrie virevoltante se profiler pendant les 15 minutes de cette musique introduite par deux minutes de pas militaires. Les 11 danseurs, dont Aurélie Dupont, Marie-Agnès Gillot, Jérémie Bélingard, sont méconnaissables, avec les maquillages guerriers et les costumes assez étonnants de Riccardo Tisci (Givenchy), montrant des structures osseuses traitées comme des motifs arabisants au travers de robes vaporeuses.
Très énergique, la chorégraphie figure une vaste spirale extrêmement bien construite, chaque danseur étant animé de façon identique afin de conférer à l’ensemble un aspect quasi électronique. Les très beaux éclairages d’Urs Schonebaum confèrent à l’ensemble une part d’étrangeté et de mystère qui perdure tout au long de la pièce. Une belle réussite à l’actif de ces deux chorégraphes belges, dont le public parisien a pu régulièrement découvrir le travail avec la compagnie belge La C. de la B, dans la programmation du Théâtre de la Ville.
Style vénitien.
« La Gioconda » d’Amilcare Ponchielli (1876) appartient aux opéras à spectacle de la période qui a séparé la fin de la grande activité créatrice de Verdi et les prémices du vérisme. Rendu célébrissime par le ballet « la Ronde des Heures », dont Walt Disney a donné une version inoubliable dans « Fantasia », il n’avait jamais été montré sur la scène de l’Opéra de Paris. Pier Luigi Pizzi, qui l’a monté sur plusieurs scènes européennes, a eu l’honneur de faire découvrir l’œuvre au public parisien, dans un très beau décor vénitien stylisé et une figuration éblouissante pour les scènes de genre – régates, carnaval, bataille navale – qui peuplent ce long ouvrage. Hélas, sa direction d’acteurs ne réussit pas à donner un vrai relief à une action très tarabiscotée, adaptée en mélo par Boito, d’après « le Tyran de Padoue », de Victor Hugo. Musicalement, c’était une belle réussite, menée par le chef israélien Daniel Oren. Les deux protagonistes, Violeta Urmana et Marcelo Alvarez, chantaient plutôt en force, mais la distribution ménageait de belles surprises, comme l’Aveugle de Maria José Montel, l’Alvise de la basse bulgare Orlin Anastassov et la Laura de Luciana D’Intino.
Opéra de Paris (tél. 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr), jusqu’au 3 juin (« Boléro ») et 31 mai (« La Gioconda »). « La Gioconda » sera diffusée en direct le lundi 13 mai à 19 h 30 dans 26 salles du réseau UGC en France et en Belgique et dans 45 salles du réseau indépendant en France. La saison du Ballet s’achèvera avec les reprises de « la Sylphide », de Pierre Lacotte, et de « Signes », de Carolyn Carlson.
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