Cette interrogation est le support du début de l'ouvrage, consacré aux 300 000 enfants morts dans les récentes guerres. Enfants enrôlés dans la guerre de Sécession, la Commune, le nazisme ou le djihadisme, souvent coupés à jamais de la chaleur du milieu familial et qui ont pu, selon l'auteur, demander à Dieu pourquoi il ne les avait pas aidés. Tout comme Élie Wiesel, plongé à 14 ans dans l'enfer d'Auschwitz, s'est interrogé sur le « silence de Dieu ».
De là à établir un rapprochement entre le besoin de bras maternels où l'on peut se blottir et l'accueil que peut offrir l'idée même de Dieu, il y a un intervalle que Boris Cyrulnik franchit souvent.
De la même façon, le neuropsychiatre décrit les différentes phases du développement génétique au travers du développement du cerveau, du bébé à l'adulte. Il montre comment laconception d'un « au-delà du monde » peut nous mener vers l'hypothèse du spirituel.
Mais qu'est-ce qui fait que nous le rencontrons ? Car « Dieu ne tombe pas du ciel », suivant la plaisante formule de l'auteur, « il s'enracine dans une relation affective structurée par des récits d'alentour, familiaux et culturels ». Un lien de cause à effet qui est tout sauf évident, puisqu'à l'adolescence une crise peut refuser les credos familiaux et casser le besoin d'attachement.
Cette irruption de Dieu est parfois décrite sur le mode de l'extase, un état mental proche de l'orgasme – on connaît l'éblouissement érotique de certaines saintes – ou d'une expérience toxicomaniaque. Dans d'autres cas, c'est Marx, Freud ou… Staline qui peuvent être à l'origine d'une vénération.
Le livre se garde bien de nous dire quelle attitude est préférable par rapport à l'au-delà. Il reste prudemment sur les bas-côtés grâce à la neurologie (nous extrayons des informations du réel) et à la sociologie (introjection des modèles parentaux). Il semblerait tout de même que les représentations des religieux soient plus douces, plus rassérénantes. « Pour un croyant, dit l'auteur, rien n'est plus expliqué que le Mystère. »
Boris Cyrulnik, « Psychothérapie de Dieu », Odile Jacob, 320 p., 22,90 €
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