* À la fin des années 1970, le contrebassiste américain Charlie Haden, le saxophoniste (ténor et soprano) norvégien Jan Garbarek et le pianiste/guitariste brésilien Egberto Gismonti avaient formé Magico, un groupe éphémère, composé de personnalités fortes et musicalement très contrastées. Le trio, surprenant pour l’époque, avait enregistré deux albums en studio. « Carta de Amor » (ECM/Universal), paru récemment, est un enregistrement live inédit, datant d’avril 1981, à l’Amerika Haus de Munich. Une musique lyrique et planante, pleine de réverbérations et très expressive, magnifiquement servie par trois solistes d’exception qui se (dé)livrent sur des thèmes, dus principalement à la plume du Brésilien, ou des mélodies traditionnelles norvégiennes. Une musique poétique et aérée.
* Le contrebassiste Marc Johnson et la pianiste brésilienne Eliane Elias ont fait appel au batteur Joey Baron, un associé de longue date, et surtout au saxophoniste-ténor Joe Lovano, pour graver « Swept Away » (ECM/Universal), un CD d’une très belle richesse mélodique. D’autant que les compositions sont dues en grande partie (plus de la moitié) à l’imagination de la pianiste, connue pour son lyrisme et son romantisme. S’il existe une réelle complicité et osmose entre le trio piano-basse-batterie, Joe Lovano est là pour rendre hommage à Mike Brecker (saxe), avec qui Eliane Elias avait travaillé au début de sa carrière au sein du groupe Steps Ahead. Un disque fait d’échanges, de conversations et de relais entre musiciens. Avec beaucoup de swing et de séduction rythmée, en prime.
La touche française.
* Dans la très longue carrière d’André Ceccarelli, « Ultimo » (Emarcy/Universal) n’est pas un album bilan et encore moins un travail testamentaire ou d’adieu. En fait, à 66 ans, dont cinq décennies de métier, le batteur niçois, qui n’a nullement l’intention de raccrocher ses baguettes, veut marquer le coup à travers un opus en forme de point d’orgue. Pour mener à bien un projet quelque peu titanesque, l’un des plus célèbres drummers français a fait appel à des amis de très longue date : Alex Ligertwood (chant, son vieux complice de Troc), David Linx (voix), Richard Bona et Diego Imbert (basse/contrebasse), Sylvain Luc (guitare), Régis Ceccarelli (son fils), notamment, plus deux grands orchestres classiques. Un disque aux timbres et aux climats multiples, doublé d’un chapitre très personnel dans la carrière d’un batteur tout en nuances. Il sera à Paris, au Théâtre du Châtelet, le 28 janvier.
* Autre batteur hexagonal, autre atmosphère. À la tête d’une formation remaniée – les Norvégiens Nils-Petter Molvar (trompette, considéré comme l’un des initiateur du jazz électro) et Tore Brunborg (saxes), Jim Watson (orgue/piano) –, Manu Katché livre un album éponyme (ECM/Universal), dont le contenu – des thèmes du leader – se situe clairement aux confins des genres jazz, pop, électronique et acoustique avec une dominante planante et l’énergie des rythmes. Un certain plaisir à l’écoute à la lisière de l’easy listening. Deux rendez-vous à Paris, les 17 et 18 janvier, au Café de la Danse.
* Trente ans après sa mort, la musique si particulière de Thelonious Monk fascine toujours certains jazzmen. Comme d’autres, Pierrick Pédron a relevé le défi en rendant hommage au pianiste dans « Kubic’s Monk » (ACT/Harmonia Mundi). Mais, à l’inverse d’autres musiciens, le saxophoniste-alto s’est lancé un autre défi : interpréter du Monk sans... piano ! Avec la complicité de Thomas Bramerie (contrebasse) et de Franck Agulhon (batterie) et la participation d’Ambrose Akinmusire (trompette), le leader s’est livré à un exercice de style magistral et audacieux, quasiment sans filet, sur des standards monkiens complexes aux ressources inépuisables.
Les cousins d’E.S.T.
* L’Esbjörn Svensson Trio(E.S.T) fut un des premiers trios, après Brad Mehldau, à transcender les barrières et chapelles du jazz pour chercher ailleurs, principalement dans la pop, le rock voire la country, les standards actuels. The Bad Plus – Ethan Iverson (piano), Reid Anderson (basse) et David King (percussions) – a fait de cette recherche son credo et, depuis une décennie, a fait tomber les murailles d’un jazz conventionnel. « Made Possible » (Emarcy/Universal), son dernier opus, s’inscrit dans cette démarche, même si les thèmes sont des compositions originales, de déconstruire l’attendu pour reconstruire une inspiration ailleurs.
* Le trio suisse Rusconi – Stefan Rusconi (piano), Fabian Gisler (contrebasse) et Claudio Strüby (batterie) – s’était fait connaître récemment en reprenant le répertoire noisy rock des New-Yorkais de Sonic Youth. De retour avec « Revolution » (BeeJazz/Abeille Musique Distribution), le trio impose désormais ses propres compositions, dont l’étonnant « Alice in the Sky », avec la participation du guitariste anglais Fred Frith et à l’exception quand même de deux reprises de Sonic Youth. Des sonorités fraîches, groovy, électro et expérimentales qui se cherchent dans un dédale de mélodies originales. À écouter à Paris, au Sunside, le 11 décembre.
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