La révolution électrique est en marche. À l’origine du mouvement, l’Alliance Renault-Nissan (200 000 véhicules vendus) se frotte les mains. À peine sorti des geôles japonaises, Carlos Ghosn, son président déchu, trouvera peut-être matière à se consoler. Certes, les ventes de voitures électriques sont encore confidentielles. Mais la situation pourrait rapidement évoluer, avec la volonté de Bruxelles de faire baisser de manière drastique les rejets de CO2.
Tout n’est pourtant pas aussi rose qu’on veut le faire croire. Le recyclage des batteries, le nombre de bornes de recharge encore insuffisant restent des sujets sensibles. Malgré les progrès accomplis, l’autonomie génère toujours un stress chez les acheteurs potentiels. Néanmoins, l’électrique s’impose comme l’une des solutions à la mobilité du futur, aux côtés de l’hybride rechargeable, de l’hydrogène, de l’essence et du diesel.
Ainsi, à Genève, les concept-cars électriques et les nouveautés en instance de commercialisation envahissent les stands. Le titre de voiture de l’année 2019 décerné au SUV Jaguar I-PACE valide un changement de cap radical dans un monde du quatre roues en convulsions permanentes sous la pression du gendarme bruxellois.
La réduction de 40 % des émissions de C02 récemment votée par le Parlement européen fait grincer des dents. Carlos Tavares, le patron de PSA, y voit, comme il l'a affirmé au « Figaro », « un vote contre l’industrie européenne qui met en risque 13 millions de personnes travaillant dans notre industrie ». La croisade contre le C02 implique des investissements colossaux de la part des constructeurs, lesquels n’ont d’autre choix que de courber l’échine sous peine de se voir infliger de lourdes amendes.
Une étude récente (source JATO) met en lumière certaines incohérences. À force de taper sur le diesel, on aboutit à la remontée des moyennes de CO2 (+ 1,3 g/km en un an). Responsable… l’essence ! En raison de la prolifération des SUV, des voitures de sport et de luxe et des utilitaires légers essence. Le diesel n’a pas que des qualités, mais il rejette moins de CO2 que l’essence.
Toyota, pionnier de l’hybride, s’enorgueillit d’être le meilleur élève de la « classe C02 » devant Peugeot, Citroën et Renault. Au passage, les Français réalisent un superbe tir groupé.
La course à la décarbonisation
Le Palexpo de Genève regorge de concepts. C’est à qui sera le plus vertueux. Les Allemands, pris la main dans le pot de confiture avec le diesel, ne reculent devant rien pour se faire pardonner. Volkswagen décarbonise à tout va. Objectif avoué : zéro émission en 2050, 20 véhicules électriques lancés d’ici 2025, création d’une famille ID, dont l’ID. Buggy est le premier maillon, élaboration d’une plate-forme modulaire MEB proposée aux « confrères » qui en manifesteront le désir afin de limiter les coûts !
Chez Audi, c’est aussi le branle-bas de combat. Une Audi sur trois sera électrifiée en 2025. L’Audi e-tron est déjà disponible. Les e-tron Sportback, Q2 e-tron, e-tron GT et Q4 e-tron sont en phase de finalisation, de même quatre nouveaux modèles plug-in hybrides. Seat (El Born et Minimo), Skoda (Vision IV), Fiat (Centoventi) et Honda (e-prototype) sortent la grosse artillerie. SUV coupés, citadines, berlines familiales se reconvertissent à l’électrique.
Kia, avec le Niro et le Soul, joue également la carte électrique. De son côté, Porsche vient de révéler que la prochaine génération de Macan sera 100 % électrique, entraînant dans son sillage la sportive Taycan.
Pour faire face à la menace chinoise, les Allemands vont investir 60 milliards d’euros dans l’électromobilité et la conduite autonome dans les trois ans à venir. Daimler et BMW ont pour leur part paraphé un accord pour le développement de la voiture autonome. Les ennemis d’hier font cause commune.
Les constructeurs nationaux suivent le mouvement. Chez Peugeot l’électrification sera effective dès cette année. Le slogan « Motion & Emotion », adopté en 2010, fait place à « Motion & e-Motion ». Tout un symbole. À Genève, le badaud s’émerveille devant la 508 Sport engineered, la 208 électrique, la e-Legend, qui a fait un tabac à Paris. Au terme de l’exercice 2019, la marque franc-comtoise déclinera une gamme essence hybride rechargeable sur 3008, 508 berline et SW.
Citroën, qui cartonne avec le C5 Aircross, affiche son Ami Concept, une puce des villes électrique promise à la vente, à la location ou au partage. Un nouveau chapitre de l’histoire de l’automobile est en phase d’écriture.
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