L'actualité récente a rattrapé ce livre, avec l'affaire Théo, un contrôle qui a plus que dérapé à Aulnay-sous-Bois. Hier embrassés place de la République au moment des attentats, les policiers sont aujourd'hui vilipendés et mis en cause au cours de leurs interpellations. Un recul sociologique pris par l'auteur fait apparaître que « la France n'est pas bien placée dans les comparaisons européennes, elle est placée dans le tiers inférieur, elle est dans le dernier wagon ». Même si l'Europe en général est bien située dans le monde, par rapport à la violence et à la corruption d'autres polices.
L'auteur cite, à partir d'une longue expérience, l'académie de police danoise. Un seul mot résume le succès de ses pratiques : la confiance. Elle s'établit à partir d'une formation qui met l'accent sur l'analyse des situations, la construction du dialogue avec les citoyens. Le contraste est grand avec la formation française, qui insiste sur la connaissance des textes et l'idée que « force doit rester à la loi ».
Sébastien Roché revient sur les émeutes d'octobre 2005 en banlieue, après la mort par électrocution de Zyed et Bouna, deux adolescents de Clichy-sous-Bois qui tentaient d'échapper à la police. Ces événements marquèrent les esprits, potentialisèrent l'image d'une police raciste. Mais l'auteur se focalise aussi opportunément sur le plus banal, le plus quotidien, les contrôles. « Les contrôles sont l'occasion d'une rencontre non souhaitée », dit-il non sans humour. Ils actualisent beaucoup de non-dits : leur fréquence peut sembler inutile, ils sont révélateurs de mépris, surtout s'ils semblent véhiculer implicitement un « délit de faciès ». Ils conduisent les habitants à fuir certains lieux : puisqu'on me contrôle sans cesse, sans raison évidente, dans le centre-ville, cela implique que je suis censé rester dans mon quartier.
On sait que ces rencontres entre policiers et minorités débouchent parfois sur de grandes violences des deux côtés. Les atteintes dont les policiers sont victimes également ne donnent guère prise à informations statistiques ; la complexité du travail policier n'est elle-même pas très connue.
Ce qui est en cause, puisque ce livre évoque la démocratie, c'est la légitimité de la police. C'est elle qui entraîne l'obéissance. Mais cette légitimité est brisée par des interventions de type « cow-boy ». Une autre façon de dire qu'il y a en France une culture de l'affrontement, là où devrait régner la confiance. Un climat que Sébastien Roché a trouvé, donc, au Danemark.
* Grasset, 384 p., 22 €
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série