DE L'éPIPHANIE au mercredi des Cendres, ce sont presque deux mois de fête continue qui occupent les jours et les nuits des Guyanais et attirent de nombreux groupes de danseurs et musiciens venus du département, de la métropole ou de toute la Caraïbe. Chacun est affairé à fabriquer ou à trouver son costume. Et c'est la même ferveur chaque année, de Saint-Laurent-du-Maroni à Saint-Georges-de-l'Oyapock, en passant par Cayenne et Kourou. Si le carnaval guyanais n'est pas aussi célèbre que celui de Rio, il est, c'est certain, le moment de l'année le plus festif du département et, dit-on, le plus long carnaval du monde.
Que la parade commence.
L'arrivée du vénéré roi Vaval est un moment important. Les clés du carnaval et de la ville lui sont données et la fête peut commencer. Dès lors, plus rien ne peut arrêter le défilé, pas même la chaleur, les quelques averses et le taux élevé d'humidité (jusqu'à 98 %). A Kourou, Cayenne ou Sinnamary, le cinéma est le thème de l'année, le vert la couleur vedette des parades et les groupes les plus créatifs sont
récompensés. Invitées de marque de la Parade du littoral 2007 et précédant le char de Cayenne, « Balourou », sur lequel dansent une vingtaine de touloulous en tenues traditionnelles, Miss Guyane et Miss Kourou sont de la fête, passant et saluant tout sourire le jury et les visiteurs venus nombreux. Devant Louise Ringuet, marraine du comité, se succèdent durant quatre heures Negs marron et Negs la vase, Hommes d'argile, Vidangeurs, Coupeurs de cannes (dont le maire de Kourou), Balayeuses, Canarinhos do Brasil, groupes de musiciens indiens, haïtiens, asiatiques ou les célèbres Lion's et Chiré Ban'n, deux groupes très applaudis par les 10 000 à 15 000 personnes groupées depuis la Cocoteraie jusqu'au « vidé » de la place des Fêtes.
Par leurs costumes, leurs musiques, leurs danses, les parades reflètent toute la richesse culturelle de la Guyane. Ce sont plusieurs centaines d'années d'histoire qui défilent. Peu de lieux au monde peuvent se comparer à la mosaïque de peuples qu'est devenue la Guyane depuis l'arrivée des premiers Européens au XVIIe siècle. Flâner dans les rues de Cayenne aux belles maisons de bois créoles, entrer dans ses musées, sa cathédrale Saint-Sauveur, son marché couvert et ses restaurants asiatiques alentour, s'arrêter un instant près du bronze de Félix Eboué sur la place des Palmistes permet de mieux comprendre l'histoire des six ethnies amérindiennes, des premiers découvreurs, des esclaves, des bagnards, des immigrations successives, la Guyane du passé et d'aujourd'hui.
A Kourou, symbole de la modernité du département, le Centre spatial guyanais (CSG) ou port spatial de l'Europe qui s'étend sur plus de 60 000 hectares de forêt protégée est le deuxième site le plus visité en Guyane. Depuis 1980, les deux tiers des lancements commerciaux mondiaux ont été effectués depuis le site et, depuis 26 ans, Guyane rime avec Ariane. Au large de Kourou, les îles du Salut au décor paradisiaque et à la végétation luxuriante (îles Royale, Saint-Joseph et du Diable) ne peuvent cacher leur lourd passé. De 1852 à 1946, les îles du Diable ont accueilli le tristement célèbre bagne où se succédèrent plus de 50 000 forçats, dont Albert Dreyfus, Papillon et Guillaume Seznec. Albert Londres publia en 1923 un reportage sur le bagne qui connut en métropole un grand retentissement mais il fallut attendre encore vingt-trois ans la fermeture de l'endroit, pour le plus grand plaisir aujourd'hui des sapajous et des agoutis. Entre deux parades, on ne manquera pas de fouler le sable fin de la plage de Montjoly, à quelques kilomètres de Cayenne, où, chaque année, des tortues luth viennent pondre. De rencontrer la communauté des Hmong à Cacao, originaire du Laos et établie dans ce village depuis 1977.
La Guyane, c'est aussi sa forêt amazonienne sillonnée de fleuves et de rivières tels que la crique Gabriel. A bord d'une pirogue, depuis le débarcadère jusqu'aux abords du marais de Kaw, la crique, fréquentée par les Indiens arouas, et la réserve naturelle des marais de Kaw sont le paradis de l'ibis rouge, du tyran quiquivi, du papillon morpho bleu. Mais aussi des caïmans à lunettes, que l'on peut surprendre depuis la pirogue ou à l'aide de sa torche la nuit venue depuis un carbet flottant. Pourquoi de pas y passer une nuit, yeux et oreilles en alerte ?
Les touloulous du samedi soir.
Retour en ville. Le carnaval, c'est aussi la fièvre des touloulous du samedi soir. Chaque fin de semaine, l'on danse sur les rythmes « piqués » des Mécènes ou des Blue Stars et leur célébrissime chanteur Quequette, chez Polina, à Matoury, ou chez Nana, à Cayenne, des dancings que l'on appelle aussi « universités ». Parées-masquées et totalement méconnaissables sous leurs costumes chatoyants et sophistiqués, les touloulous sont les reines du carnaval qui, durant les soirées de bals, invitent les hommes à danser sans jamais se dévoiler. Aucun élu n'a le droit de refuser une telle invitation.
Pour partir
TRANSPORTS
Vol quotidien Paris-Cayenne direct avec Air France à partir de 590,01 euros (TTC). Tél. 36.54 (7 jours sur 7 et 24 h/24, depuis la France métropolitaine).
FORMALITÉS
Pour les Français, une carte d'identité suffit.
SANTE
– Il est conseillé de se prémunir du risque de paludisme par un traitement préventif.
– Le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire pour un séjour en Guyane (valable dix ans).
DECALAGE HORAIRE
Moins 5 heures l'été, moins 4 heures l'hiver.
CLIMAT
La Guyane bénéficie d'un climat équatorial. De 26 à 33 °C toute l'année. Il fait chaud de façon très supportable, d'autant que les alizés soufflent en permanence sur la côte.
HOTELS
•A Kourou.
– Hôtel des Roches***,
avenue des Roches, 97310 Kourou. Tél. 05.94.32.00.66.
• A Cayenne et environs.
– Best Western Hôtel Amazonia***, 28, avenue du Général-de-Gaulle, 97300 Cayenne. Tél. 05.94.28.83.00 ou www.bestwestern.fr.
– La Chaumière**, chemin de la Chaumière, 97351 Matoury. Tél. 05.94.25.57.01 ou http://logis-de-france.fr.
RESTAURANTS
– La Kaz Kréol, 35, av. d'Estrée, 97305 Cayenne. Tél. 05.94.39.06.97. Une bonne adresse pour son accueil, sa cuisine traditionnelle et gastronomique.
– Paris-Cayenne, 59, rue Lallouette, 97300 Cayenne. Tél. 05.94.31.76.17. Il y a 25 ans, un couple de Parisiens a eu l'audace d'ouvrir ce lieu qui est aujourd'hui devenu une table incontournable de Cayenne.
SEJOUR
– JAL Voyages propose une complète escapade amazonienne de 8 jours/7 nuits à partir de 1 095 euros en hébergement 3* (extension 2 jours Approuague + dîner-nuit à Cayenne : 250 euros). Iles du Salut, centre spatial de Kourou, tortues luth, villages HMong de Cacao et noir-marron d'Akoloïkandé au Surinam, pirogue sur le Maroni, l'Approuague... 30 ans déjà d'écotourisme.
– Escursia (Voyages scientifiques) propose des séjours-immersion de 8 jours/7 nuits en forêt amazonienne, en groupe de 3 à 8 personnes, de Cacao à Cayenne en passant par les marais de Kaw. Prix à partir de 1 850 euros (vols Air France). Prochains départs : 24 et 31 mars, 15 septembre et 20 octobre 2007.
LIRE
– « Le Petit Futé ».
RENSEIGNEMENTS
– Comité du tourisme de la Guyane (CTG), 1, rue Clapeyron, 75008 Paris. Tél. 01.42.94.15.16 et www.tourisme-guyane.com.
– JAL Voyages (à Cayenne). Tél. 05.94.31.68.20, www.ja@jal-voyages.com et www.jal-voyages.com.
– Escursia. Tél. 01.42.23.05.98 et www.escursia.fr.
L'île du diable vue depuis l'auberge de l'île Royale

Les hommes d'argile, parmi les témoins de la richesse culturelle de la Guyane
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série