Difficile de localiser Enrique Mazzola. On le croit italien mais il est né espagnol, catalan plus précisément. On le sait attaché à l’Île-de-France, avec l'orchestre dont il est depuis 2012 le directeur musical, mais il est aussi à Montepulciano, au cœur du vignoble toscan, où existe un merveilleux festival dont il a été directeur artistique au début du siècle. Il est encore à Glyndebourne, Rome, Milan, Pesaro, Munich, Zurich, New York – il vient de faire ses débuts au Metropolitan Opera –, Vienne, Bregenz. Et Berlin, le Deutsche Oper lui ayant confié la résurrection du « Prophète » de Meyerbeer. Nous l’avons rencontré alors qu’il partait avec les Wiener Symphoniker à Shanghai, pour diriger un concert de valses viennoises.
LE QUOTIDIEN - Quelle place l'Orchestre national d’Ile-de-France occupe-t-il dans votre emploi du temps très international ?
C’est une grande stabilité dans mon emploi du temps et un pivot essentiel. Quand je rentre à Paris et que je vais à Alfortville, où est basé l’ONDIF, j’ai l’impression de rentrer à la maison. Je retrouve mes musiciens qui sont, après quatre saisons, des amis avec qui j’ai hâte de faire un travail passionnant.
Quelles sont la place et la spécificité de cet orchestre dans la vie musicale francilienne ? Cet orchestre de 90 permanents, créé en 1974 à l’initiative de Marcel Landowski, est financé par l’État et le Conseil régional d’Île-de-France. Il a pour mission de diffuser l'art symphonique dans toute la région. Il doit aussi toucher des publics nouveaux, débusquer des auditeurs dans des lieux où la musique classique n’existe pas et tenter de leur donner le goût d’aller ensuite d’eux-mêmes à la musique.
Cela ne doit pas aller sans des problèmes techniques et logistiques ?
Énormément ! Le principal étant d’adapter l’orchestre aux lieux les plus divers et pas toujours idéals dans lesquels il doit se produire. Avec des problèmes acoustiques principalement. Mais on a toujours en tête que l’essentiel est de stimuler la curiosité du public. La variété de notre répertoire est un atout de poids.
Un rôle pédagogique, donc ?
Oui, énorme, et on innove en permanence. Une de nos innovations, qui a maintenant quatre ans, est un concours ouvert aux jeunes compositeurs, Île de découverte, qui permet de faire jouer les pièces de musique contemporaine primées. Et il y a des concerts spécifiquement éducatifs, ciblés sur le jeune public, avec des compositeurs tels que Marc-Olivier Dupin, Vincent Cuvellier, Ronan Badel.
Quelle est la place de l’opéra dans votre répertoire ?
J’en dirige beaucoup à l’étranger. Je viens de présenter « Don Pasquale », de Donizetti, à Zurich, et l’été dernier j’ai fait découvrir son rare « Poliuto » au festival de Glyndebourne, où je dirigerai « le Barbier de Séville » cet été. On me demande Meyerbeer et Rossini, deux musiciens si complémentaires. La création est une part très importante et indispensable de mon activité de chef lyrique. En Italie, j’ai réalisé lors des dernières saisons trois créations d’opéras italiens, d’Alberto Colla (« Il Processo », à la Scala de Milan), de Luca Lombardi (« Il Re nudo » à Rome), d’Azio Corghi (« Isabella », au festival de Pesaro), et une importante création à Munich, la « Medusa » d’Arnalto de Felice. Mon dernier CD avec l’ONDIF, « Bel canto amore mio » (NoMadMusic), est entièrement consacré aux ouvertures d’opéra, avec Bellini, Donizetti, Meyerbeer, Mercadante et Rossini.
L’ONDIF peut s’enorgueillir de jouer à la Philharmonie de Paris.
Il est depuis un an orchestre associé à cette nouvelle salle, à l'esthétique et l’acoustique incroyables. C’est le meilleur écrin que Paris pouvait nous offrir.
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