Entorse compliquée du footballeur : le retour sur le terrain de Neymar n’est pas pour demain

Publié le 28/02/2018
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Crédit photo : AFP

La blessure de cheville récente de l’international de football Neymar a beaucoup agité les médias et suscité une avalanche de spéculations sur la date de son retour sur le terrain. Il importe de le savoir, et toutes les études épidémiologiques le confirment, comme on pouvait s’y attendre, le genou et le bloc distal pied cheville sont les topographies prédominantes des lésions du footballeur.

Dans le cas récemment débattu, l’entorse de cheville n’est pas une entorse classique banale, qui bien prise en charge, redonne une cheville fonctionnelle en quatre à six semaines. Lorsque l’entorse est sévère et surtout, ce qui n’est pas exceptionnel, compliquée d’une fracture de la base du cinquième métatarsien, la démarche thérapeutique réclame une vigilance toute particulière. Il faut noter que le mécanisme traumatique de l’entorse, presque exclusivement des ligaments latéraux, étire brutalement ces structures anatomiques latérales. Ces dernières sont doublées par les muscles fibulaires (péroniers latéraux), l’un d’entre eux s’insérant sur la base du cinquième métatarsien. La puissance de ces muscles chez le footballeur et la violence des accidents font que, parfois, c’est l’attache sur le métatarsien du tendon de ces muscles qui produit la fracture. Cette fracture peut se cantonner à l’apophyse extra-articulaire ou au contraire se propager en direction de l’articulation cubo-métatarsienne.

Un retour à l’entraînement différé de plusieurs semaines

L’analyse de tous les paramètres lésionnels est indispensable à la prise de décision thérapeutique : chirurgicale ou non opératoire par immobilisation.

La chirurgie est privilégiée en cas de déplacement de la fracture et/ou si elle est intra-articulaire. La chirurgie est également parfois justifiée en raison de l’importance des lésions ligamentaires. Quelle que soit l’option choisie, une durée d’immobilisation d’environ six semaines est le plus souvent légitime dans ces situations lésionnelles. Qui dit immobilisation dit quasi obligatoirement un passage par la case rééducation, différant parfois de plusieurs semaines le retour à l’entraînement.

Au total, il existe un spectre étendu de variétés « d’entorses de cheville » imposant une analyse précise des dégâts spécifiques. Ces derniers doivent être réparés de façon individualisée car ils mettent en jeu l’avenir professionnel du joueur.

Pr Charles Msika, chirurgien orthopédiste, membre de la SoFCOT (Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique).

Source : lequotidiendumedecin.fr